Mgr Pabillo : « Les Philippins aussi se mobilisent par le don et la prière »
17 nov. 2013
Monseigneur Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de Manille, est le président de la Caritas Philippines (NASSA). Il fait le point sur la situation sur place après le passage du typhon Haiyan.
L’aide humanitaire est-elle parvenue jusqu’aux victimes du typhon ?
Nous sommes en train d’essayer d’atteindre les zones dévastées, notamment sur les îles de Leyte et de Samar, les plus touchées. Mais cela reste très difficile. Il n’y a toujours pas d’électricité, ni d’essence, et pas de communication avec les personnes sur place. Nous envoyons l’aide dans les grandes villes, comme Tacloban ou Cebu, par avion et par bateau, mais ne pouvons pas l’acheminer jusqu’aux victimes. Ce sont elles qui doivent marcher jusqu’aux points de distribution. Ce qui n’est pas évident, puisqu’il faut parcourir des dizaines et des dizaines de kilomètres, alors que les rescapés sont affamés et épuisés.
Y a-t-il un élan de solidarité dans le pays ?
Bien sûr. Les Philippins qui n’ont pas été touchés par le typhon sont prêts à aider les victimes, avec des dons mais aussi des prières. Ici, à Manille, de nombreux bénévoles préparent les lots envoyés dans les zones sinistrés. Ils accueillent aussi les quelques rescapés qui ont réussi à rejoindre Cebu puis Manille. Ils ne sont pas nombreux car seuls les avions militaires volent. Ils nous racontent l’horreur et le désespoir des gens restés sur place et qui manquent de tout, d’eau, de nourriture, de médicaments. Enfin, nous avons organisé neuf jours de prière dans toutes les paroisses du pays en hommage aux victimes, jusqu’au 19 novembre, ainsi que des collectes d’argent pour leur venir en aide.
Quelles sont les priorités pour les jours à venir ?
La priorité est de donner à manger et de quoi s’abriter à toutes les victimes du typhon. Il faut donc que la communauté internationale continue à nous aider car d’ici quelques jours, nous pourrons atteindre les coins les plus reculés. En attendant, il nous faut plus d’hélicoptères pour larguer des paquets sur les centaines de villages que nous n’arrivons pas à rejoindre. Pour le gouvernement, l’urgence est de nettoyer les routes et de ramasser les cadavres qui jonchent encore les décombres. Beaucoup de victimes doivent elles-mêmes enterrer leurs proches. Et il y a des risques sanitaires importants. Enfin, j’appelle à plus de transparence dans la gestion des dons. Il est primordial que les aides des États et des organisations intergouvernementales aillent directement aux victimes et non pas au gouvernement, comme ce fut le cas dans le passé.
Propos recueillis par Concepcion Alvarez