En ce jour de ma fête, je viens de découvrir, grâce à  Nathalie ( http://violette27.canalblog.com/ ), Michel Fromaget maître de Conférences à l’université de Caen et enseignant  à l’Université de Rouen pour des soignants en  « soins palliatifs ». Je vous recommande la lecture de ses ouvrages et je vous invite à découvrir ce qu’il dit de sa « conversion » !

Anthropologue, maître de conférences à l’université de Caen, Michel Fromaget est l’auteur de nombreuses études sur les représentations de la vie et de la mort et a consacré deux ouvrages majeurs à réhabiliter «l’anthropologie ternaire» traditionnelle (la triplicité corps-âme-esprit), progressivement oubliée par les simplifications successives de la pensée occidentale, notamment depuis Descartes : Introduction à l’anthropologie ternaire (Albin Michel, 1991), et L’homme tridimensionnel (Albin Michel, 1996). Il a publié aussi Le symbolisme des Quatre Vivants – Ézéchiel, Saint Jean et la tradition (éd. du Félin, 1992). Puis il a travaillé également sur les soins palliatifs : Naître et mourir : anthropologie spirituelle et accompagnement des mourants (F-X de Guibert, 2007) sur la pensée de Maurice Zundel depuis 2005, sur la notion et l’expérience de l’émerveillement depuis 2000, sur l’Enfer dans le christianisme ancien depuis 1998.

Interview de Michel Fromaget

Les Editions Romaines : Pouvez-vous nous dire un mot sur vos publications ?

Michel Fromaget : Comparées à celles d’autres chercheurs universitaires, elles sont relativement peu nombreuses. Soit une soixantaines d’articles publiés dans des revues spécialisées et une dizaine d’ouvrages. Cette production s’articule en deux parties : avant 1987 et après. Avant cette date, la plupart de mes travaux, thèses comprises, portent sur l’imaginaire de la mort, et relèvent de la thanatologie, ou bien, suite à mon séjour au Gabon, ils ont pour objet diverses sociétés à mystère ainsi que différents rituels initiatiques ou thérapeutiques africains. Après 1987, ils appartiennent à l’anthropologie fondamentale et portent plus particulièrement sur l’anthropologie ternaire, ou spirituelle, ainsi que sur différents aspects de l’anthropologie chrétienne. Un article, qui marque cette rupture, est celui que je publiais dans le Bulletin de la Société de Thanatologie en 1987, article intitulé : « Mort et splendeur du corps », et qui traite de la transfiguration, telle que la comprend le christianisme. Cet article me valut un courrier particulièrement aimable et élogieux de Jean Guitton. Ce dernier, en effet, savait le prix que doit payer un chercheur scientifique qui choisit de se présenter comme chrétien et de ne pas cacher qu’il tient l’intuition spirituelle comme une voie parfaitement licite de découverte du vrai. Ma démarche épistémologique antérieure à 1987 et celle qui suit ne sont plus du tout les mêmes. Que s’était-il donc passé ? C’est là ce que je ne puis développer ici très avant. On retiendra seulement qu’il est impossible d’étudier totalement, c'est-à-dire aussi de l’intérieur, et pendant des années, les conceptions de la mort et les rituels funéraires, les rituels thérapeutiques et initiatiques, ainsi que les métamorphoses ontologiques par eux suscitées, sans que soient pris quelques risques. On se rappellera aussi que l’antique adage : « Lorsque le disciple est prêt le Maître paraît » est tout à fait exact. Et que c’est bien ce qui m’arriva, en avril 1985, moment où la Providence me donna de rencontrer une femme dont le simple regard provoqua en moi un bouleversement que je pense, pour une part au moins, comparable à l’éveil dont bénéficia Socrate au contact de Diotime (je rappelle que Diotime révèla l’Amour au plus sage de tous les hommes). Quoiqu’il en soit, ce bouleversement se traduisit chez moi par une conversion immédiate, profonde et définitive à ma propre religion pour laquelle je nourrissais, jusqu’alors, un très grand respect, mais que je ne connaissais que de l’extérieur. Je veux parler bien sûr du christianisme.
On notera enfin que mes publications les plus récentes, comme les plus anciennes, traitent de la mort. Mais différemment. Car je comprends mieux maintenant le lien qui relie les conceptions de la mort à celles de la vie, la manière dont on meure à celle dont on a vécu. Peut-être est-ce en raison de cette compréhension nouvelle que les praticiens des soins palliatifs et de l’accompagnement des mourants viennent maintenant me prier de leur parler d’anthropologie ternaire. Ou d’écrire, pour eux, sur ce sujet ce que j’ai fait récemment dans : Naître et mourir. Anthropologie spirituelle et accompagnement des mourants (Paris, F.X. de Guibert, 2007, 221 p.)

http://www.leseditionsromaines.com/?pg=interview&id=4

 

 

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