coexister

En mars dernier, la France était bouleversée par les crimes de Mohamed Merah. Des membres de Coexister, le mouvement interreligieux des jeunes, provoquaient un des gestes les plus forts de ce moment tragique. ÀToulouse et Paris, ils ont permis que des jeunes juifs, chrétiens, musulmans, agnostiques et athées manifestent publiquement la force des liens fraternels qui les unissaient. Tout le monde, partis politiques compris, applaudissait et louait alors l'audace de ces jeunes. Onze mois ont passé et Coexister vient de se voir retirer son statut d'intérêt général par la Direction des finances publiques, organisme dépendant du ministère de l'Économie et des Finances. Motif de ce retrait: la mission éducative de l'association n'est pas avérée, faute de «transmission d'un savoir». Jugez plutôt : en quatre ans, Coexister a rencontré plus de 7ooo jeunes dans les lycées et collèges pour faire connaître l'enjeu du vivre ensemble et lutter contre la « sainte ignorance ». L'association compte 300 militants répartis dans dix groupes locaux. La décision des pouvoirs publics laisse pantois. À Poitiers, en octobre, un groupe d'extrême-droite a occupé une mosquée. Les messages antisémites prospèrent sur Internet, des cimetières sont profanés. Devant ces menaces, des jeunes, patiemment, tissent des liens, témoignent, se forment et, sans aucun prosélytisme, font découvrir les différentes religions. Cette décision leur coupe les ailes. La mesure n'est pas politique, mais administrative. Un mois et demi après son annonce, il est plus que temps que le ministre de tutelle demande un réexamen du dossier. Si tel n'était pas le cas, le laïcisme administratif l'emporterait sur les impératifs de la citoyenneté. Les associations et les familles spirituelles de ce pays ne sont pas les pompiers de service de la réconciliation quand un événement déchire la communauté nationale, et des clandestins sitôt le calme, apparent, revenu. Il ne faut pas attendre le prochain drame mais le prévenir en reconnaissant l'intérêt général de Coexister.

Bernard STÉPHAN

Témoignage Chrétien n°3529 du 28 Février 2013

www.coexister.fr

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