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Le ministre pakistanais des Minorités religieuses a été assassiné mercredi à Islamabad par des inconnus qui ont criblé de balles la voiture de ce catholique militant pour la suppression de la peine de mort en cas de blasphème et défenseur de la minorité chrétienne.

Trois ou quatre hommes à bord d'une voiture ont tiré en plein jour sur le véhicule de Shahbaz Bhatti dans un quartier chic de la capitale, alors qu'il sortait de la maison de sa mère, a indiqué le chef de la police d'Islamabad, Wajid Durrani. Les assaillants ont réussi à prendre la fuite.

"Il était mort à son arrivée", a déclaré à l'AFP le Dr Azmatullah Qureshi, porte-parole de l'hôpital le plus proche.

Une lettre a été trouvé sur les lieux du crime, attribuée à des partisans d'Al-Qaïda et des talibans pakistanais revendiquant l'assassinat, a indiqué la police.

La voiture a été criblée d'au moins 25 balles d'armes automatiques, selon le chef de la police. Shahbaz Bhatti a demandé à son escorte habituelle de l'attendre à son bureau plutôt que de venir le chercher chez sa mère, chez qui il se rendait fréquemment sans gardes du corps, a assuré M. Durrani.

Ce meurtre survient en pleine controverse dans ce pays musulman sur des velléités d'amendement d'une loi prévoyant la peine de mort en cas de blasphème et deux mois après l'assassinat d'un gouverneur qui avait pris la défense d'une chrétienne condamnée à la peine capitale pour avoir "insulté" le prophète Mahomet.

L'assassinat de Shahbaz Bhatti a provoqué une vague de réactions indignées. L'ONU a appelé à réformer la loi sur le blasphème tandis que l'Union européenne a dénoncé "le climat d'intélorance et de violence" au Pakistan. Le Vatican a condamné un "acte de violence inqualifiable" et les Etats-Unis, la France et l'Italie ont fait part de leur indignation.

Deux mois auparavant, le 4 janvier, devant un complexe commercial du centre d'Islamabad, Salman Taseer, le gouverneur du Pendjab, la province la plus peuplée, avait été criblé de balles par un policier du commando d'élite chargé de sa protection.

L'assassin --qui avait invoqué le fait que Salman Taseer défendait Asia Bibi, une chrétienne condamnée à mort pour avoir "insulté" le prophète Mahomet, et se faisait l'avocat d'un amendement de la loi contre le blasphème--, est devenu un "héros" aux yeux d'une grande partie de la population de la République Islamique du Pakistan.

A 42 ans, Shahbaz Bhatti, qui était aussi l'un des défenseurs de l'amendement et multipliait les déclarations sur les violences et intimidations dont est victime notamment la minorité chrétienne, se disait régulièrement menacé.

Depuis deux mois, les manifestations de soutien au policier meurtrier et hostiles à toute modification de la loi se multiplient. Le gouvernement, sous la pression de la rue, répète inlassablement qu'il n'a aucune intention de soutenir l'amendement présenté par certains parlementaires.

La peine de mort n'a jamais été appliquée pour blasphème depuis que la loi l'a prévue en 1986. Mais des dizaines de personnes --chrétiens, musulmans et hindous-- accusés d'avoir profané l'islam et le Coran ont été tuées, en prison par des policiers ou des gardiens, ou dans la rue une fois relâchées.

Fin novembre, une alliance de partis et associations musulmans sunnites avait averti qu'une éventuelle grâce pour Asia Bibi déclencherait l'anarchie dans le pays, après que Shahbaz Bhatti eut présenté au président Asif Ali Zardari une demande de clémence pour cette femme.

Les chrétiens représentent moins de 2% des quelque 170 millions de Pakistanais. Ils sont majoritairement pauvres et cibles de vexations et de persécutions fréquentes

 

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