Sous le figuier: les dernières vacances d'une vieille dame
09 avr. 2013
SOUS LE FIGUIER - Bande-annonce VF par CoteCine
Réalisé par Anne-Marie Étienne, le film raconte l'ultime été d'une nonagénaire. Un hymne à la vie, à la lumière de la mort. Avec la merveilleuse Gisèle Casadesus.
Depuis les années 2000, le cinéma a offert une nouvelle jeunesse à Gisèle Casadesus: ses quatre-vingt-dix printemps éclairent Les Enfants du Maraiset La Tête en frichede Jean Becker, traversent Le Grand Appartement de Pascal Thomas ou Palais-Royalde Valérie Lemercier. Elle revient cette semaine dans Sous le figuier, d'Anne-Marie Étienne, un de ses plus jolis rôles d'aïeule.
Sous le nom de Selma, elle incarne la grand-mère idéale, que tout le monde rêverait d'avoir: sa douceur et son sourire sont un refuge, elle diffuse un charme malicieux et une sagesse délicate. Elle s'éloigne sans bruit, dans le frou-frou d'un long passé qui laisse à ceux qui la suivent la petite musique d'une vie accomplie. Une mélodie légère qu'on a envie de chanter à son tour, qui parle d'amour fidèle et de vie sereine.
Gisèle Casadesus règne sur le film avec une grâce exquise. On ne saurait trop remercier Anne-Marie Étienne de l'avoir posée comme une pierre précieuse au cœur de son histoire toute simple.
Tempéraments très divers
Parce que, après tout, Sous le figuier est une comédie de vacances et un film de groupe comme il en arrive souvent. Autour de Selma, la réalisatrice a réuni trois adultes et quelques enfants. Nathalie (Anne Consigny), femme indépendante et solitaire, tout comme Christophe (Jonathan Zaccaï), père divorcé stressé entre son travail et ses filles, sont des amis proches de la vieille dame. Ils ont décidé de passer auprès d'elle ce qu'ils devinent être son dernier été, dans une maison de campagne.
Joëlle (Marie Kremer), toute jeune femme qui s'occupe de service auprès des personnes âgées, rejoint cette petite bande qui réunit ainsi des générations et des tempéraments très divers. Avec tout de même un point commun chez les adultes: ils sont à un moment de crise, pleins d'interrogations sur eux-mêmes, mais trop agités par l'activité immédiate pour les exprimer, sinon les résoudre.
Selma va leur apprendre à ralentir pour se mettre à son rythme, à se poser sous le figuier pour faire la sieste, à faire la paix avec eux-mêmes pour retrouver leur chemin.
Rêverie méditative
Cette jolie comédie de vacances au bord de la mort est une leçon de vie. Qui n'a rien d'un cours magistral: au contraire, elle est disséminée dans les choses familières, le jardin ensoleillé et la pénombre des chambres, les goûters d'enfants, les chapeaux de paille, le châle qu'on apporte avec prévenance, les souvenirs qu'on évoque avec légèreté, les ombres qui s'allongent avec sérénité.
La mise en scène d'Anne-Marie Étienne se sert des charmes sensibles d'une maisonnée bien vivante pour nous faire entrer dans une rêverie méditative.
Elle compose «un petit hymne à la vie en parlant de la mort», dit-elle. «C'était en tout cas mon ambition: dire qu'il est possible de bien finir son existence, que la vieillesse n'est pas forcément un naufrage. C'est ce que j'appelle la reliance.»
Le mot est joli, et dit bien l'âme secrète du film. Quelque chose relie la vie qui s'affaiblit à la mort qui s'approche, comme Selma relie ses amis à eux-mêmes et entre eux. On sort de ce film lumineux avec le sentiment qu'il vaut la peine de faire confiance à la vie.