Tu aimeras ton prochain comme toi même, à l'exception des Roms ?
14 oct. 2010
Aujourd’hui on aime bien affirmer son identité. Dans l’Église aussi, certains disent :
« il nous faut affirmer notre identité chrétienne. » Mais s’agit-il de dire : « Nous sommes chrétiens, nous avons un message à vous délivrer, venez chez nous » ?
S’il faut manifester une identité chrétienne, ne faut-il pas le faire… chrétiennement ? Les moines de Tibhirine ont affirmé cette identité en devenant frères des villageois et en restant
avec eux dans les heures d’angoisse jusqu’à risquer la mort. Des évêques de France ont affirmé notre identité chrétienne en allant visiter des camps de Roms et en prenant la parole pour défendre
leur dignité. En cela ils rappelaient aux catholiques et à tous que Jésus n’a pas dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même… sauf les Roms ! »
L’accueil des migrants et des réfugiés est un test pour une collectivité nationale, et d’abord pour
une communauté chrétienne. Quand nous accueillons des gens venant d’autres pays dans nos messes dominicales, nous ne leur demandons pas s’ils ont des papiers ou non, nous les accueillons comme
des frères qui ont autant de droits sur la vie de la paroisse que les paroissiens qui en font partie depuis des années. Et cela fait de nous des chrétiens, c’est-à-dire des gens qui vivent à la
manière du Christ, leur maître.
Dans une ville où j’ai vécu comme prêtre, une famille Rom était soutenue par une religieuse dans une
association. Un jour, ils sont venus demander le baptême pour leurs enfants. Les baptêmes ont eu lieu avec toute la communauté dominicale. Leur joie était grande de se sentir “membres de la
famille”. Les paroissiens leur ont permis par la suite de mettre leur caravane sur le parking de la paroisse et les ont aidés dans leur démarche pour un logement. Ils viennent maintenant
régulièrement à la messe du dimanche et sont adoptés par la communauté. Voilà une paroisse qui affirme chrétiennement son identité.
Dominique FONTAINE
Vicaire général de la Mission de
France