Assise

Une délégation française, composée de membres du Secours catholique, du CCFD-Terre solidaire, du Service des relations avec l’islam de la Conférence des évêques de France (SRI), mais aussi de Tareq Oubrou, recteur de la grande mosquée de Bordeaux, se rend au Tchad du 18 au 23 décembre 2012 pour cinq jours de rencontres et de débats sur le thème du dialogue interreligieux et interculturel.

Des rencontres sont prévues avec les leaders religieux locaux, y compris le Conseil islamique, avec des représentants de la société civile et de la jeunesse. Une conférence est prévue jeudi à la grande mosquée de N’Djamena sur le thème : « La laïcité est-elle la solution ? ». La formation des acteurs religieux – catholiques, protestants et musulmans – sera également abordée.

Enfin, deux « conférences de prestige » sont prévues samedi : l’une sur le thème « Religion, violence et société, regards croisés entre victimes présumées et agresseurs présumés », l’autre sur « Islam, christianisme, démocratie et droits de l’homme », au cours de laquelle interviendra notamment le P. Christophe Roucou, directeur du SRI.

                        Echanges d’expériences

 

Le projet a démarré fin 2011 avec la venue en France de Tchadiens – membres de la commission épiscopale Justice et Paix, du Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation (CSAPR) et du deuxième imam de la mosquée de N’Djamena. « Ils nous ont proposé des échanges d’expérience sur les questions de cohabitations, de coexistence pacifique, de dialogue interreligieux, explique Aude Hadley, responsable de la zone Afrique au Secours catholique. L’idée était, même si le contexte est très différent dans les deux pays, qu’il y a des éléments à prendre pour eux en France ».

Plusieurs « moments forts » ont eu lieu en 2012, comme cette « mission exploratoire » en mars, pendant laquelle les responsables français du SRI ont constaté que « le Tchad souffre du manque d’espace de dialogue sur ces questions qu’il souhaite creuser et du besoin de découvrir comment d’autres pays les abordent ». Des ateliers ont ensuite été animés « avec des milliers de jeunes » dans la capitale et dans d’autres villes du pays comme Mongo et Mundu.

L’occasion pour les Français de se rendre compte que le système scolaire est de plus en plus clivé entre établissements enseignant en arabe avec des manuels parfois venus du Golfe – fréquentés par les musulmans – et établissements enseignant en français – fréquentés plutôt par les chrétiens.

                        Une stratégie pour les années à venir

 

À leur tour, les Tchadiens sont venus en France en septembre – sauf ceux à qui l’ambassade de France avait refusé leur visa. À Marseille, ils ont rencontré des élus, des intellectuels, les jeunes de l’association Coexister… Dans le Val-de-Marne, « où se côtoient 90 nationalités », ils ont rencontré l’évêque de Créteil, Mgr Michel Santier, l’imam, et observé « le travail social de la délégation locale du Secours catholique ». De nombreux thèmes ont été abordés comme la laïcité, le rôle du pouvoir politique, la formation des imams etc.. « Ils ont pu constater que tout n’est pas rose non plus en France », commente Aude Hadley.

« Notre souhait est qu’après cette phase de dialogues et de débats, notre partenaire tchadien nous propose une stratégie pour les années à venir, avec des espaces de dialogue réguliers », conclut la responsable du Secours catholique.

Le président Idriss Déby a été réélu en mai dans des conditions contestées, avec plus de 83 % des voix. Des craintes de manipulation se font déjà sentir dans la perspective des prochaines échéances de 2016. Le pays est également largement concerné par la crise du Darfour :  réfugiés et déplacés, conflits avec le Soudan, rebelles transfrontaliers…

 

A.-B. Hoffner Journaliste à LA CROIX

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