Noël

Voici le quinzième article de la série “En quête de foi” publié dans l’édition de décembre 2013 du Messager de Saint-Antoine. L’objectif de cette série est d’explorer les origines chrétiennes des éléments patrimoniaux dans la culture actuelle.

Dans le contexte de ce qu’il est convenu d’appeler “l’ex-culturation” de la foi chrétienne ou de sa déliaison d’avec la culture, je me suis permis un exercice d’imagination futuriste… Alors projetons-nous en 2038. Un jeune de 13 ans écrit à sa grande sœur partie étudier à l’étranger…

« Salut Audrey,

J’espère que tu vas bien là-bas. Tu ne me manques pas vraiment, car maintenant c’est moi qui suis le grand ici. Mais l’autre jour, on a eu une fête et j’aurais bien aimé que tu sois là pour m’aider à comprendre.

On devait aller veiller chez tante Aurélie. Elle avait insisté pour que nous passions d’abord dans une bâtisse que je n’avais jamais remarquée dans le vieux quartier. Elle est immense, très haute, vieillotte. On dirait un château hanté! Et ça sentait le renfermé, signe que ce n’est pas très entretenu. On entendait un instrument de musique que je ne connais pas. Ça sonnait fort et les murs tremblaient. Il y avait des choristes qui chantaient des chants bizarres. Ils avaient l’air de tripper. Et puis le show a vraiment commencé quand des gens très vieux, habillés en robe blanche, ont paradé de l’arrière vers l’avant, certains portant des objets, des plantes, un truc à boucane, de longues chandelles et un livre géant qu’un monsieur tenait à bout de bras. Le dernier était habillé d’une robe avec des décorations, il avait l’air d’être le chef.

C’est lui qui a salué tout le monde en nous souhaitant la bienvenue et en se disant excité par le nombre de participants qu’il n’avait pas l’habitude de voir souvent. Avec sa bande de robes blanches, ils ont parlé, chanté, changé de place, récité de longs textes monotones en gesticulant pour finalement s’approcher de la foule avec des vases dorés dans lesquels ils avaient mis des petits ronds blancs à manger. Les gens se bousculaient comme s’ils allaient en manquer. Et puis à la fin, tout ce monde a quitté dans le même ordre qu’au début et nous sommes partis aussi derrière eux.

Arrivés chez tante Aurélie, celle-ci avait préparé une fête « comme dans le bon vieux temps ». Sa maison était éclairée de lumières partout, dehors comme dedans. Elle avait installé un vrai sapin dans son salon, décoré de toutes sortes d’objets. Sous l’arbre, il y avait des personnages, des animaux, une cabane, éclairée elle aussi. Et au milieu, un couple, genre antiquité, avec un bébé posé sur un coussin de foin. Et puis le monde était de bien bonne humeur. J’ai entendu quelques vieux s’échanger des souhaits joyeux. Tous les adultes buvaient. Il y avait plein de gâteries pour les enfants. Ma tante avait dressé une immense table avec des mets traditionnels, paraît-il. De la tourtière, du ragoût, de la dinde, des salades et des sandwiches pas de croûte. Et des desserts en quantités!

Après avoir mangé, un gros bonhomme en habit rouge avec une barbe collée a distribué des cadeaux à tout le monde, même à moi! En partant, ma tante nous a salués en nous demandant si nous étions contents de nos belles traditions.

Sérieusement, Audrey, je n’avais jamais vu autant d’abondance. J’ai adoré cette fête! J’aimerais seulement comprendre ce qu’on fêtait. Personne ne semblait vraiment le savoir… Toi, as-tu une idée? »

 

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JOCELYN GIRARD

 

Marié depuis 1984, 5 enfants (que des "gars"), 5 petits-enfants... Je travaille dans l'équipe de la Mission catéchétique pour l'Église catholique au Saguenay-Lac-St-Jean. Ce n'est pas un travail pour convaincre les gens de croire, c'est plutôt pour accompagner ceux qui ont choisi de croire... Je ne suis donc pas très effrayant et plutôt de bonne compagnie, sans distinction d'origine, d'ethnie, de religion ou de handicap. J'ai auparavant fait partie de L'Arche de Jean Vanier (en France et à Montréal) à laquelle je continue d'être attaché spirituellement. 

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