Exposition au plus beau des petits musées de France du 12 juin au 19 octobre 2015
Musée de l’Annonciade à Saint Tropez (Var)
Pour les 60 ans du musée, l'Annonciade propose une exposition qui est le reflet de toutes les expositions passées. Expositions nées à partir des œuvres de la collection et qui permettent au public de découvrir une présentation inédite de l'Annonciade et d'approcher autrement les divers courants plastiques indiqués.
Les chefs-d'œuvre du musée de l'Annonciade sont le reflet de l'avant-garde picturale de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle. En effet, ces œuvres réalisées pour la plupart entre 1890 et 1914 font partie d'une des époques les plus inventives de l'histoire de l'art.
Seurat, Signac, Cross nous amènent à découvrir le dernier grand mouvement plastique du XIXe siècle : le néo-impressionnisme, connu également sous le nom de pointillisme.
La venue de Signac en 1892 fait de Saint-Tropez un lieu de rencontre des peintres et explique en partie la richesse de la collection pointilliste. Sous l'influence de Seurat d'abord, le créateur du mouvement, et de Signac ensuite, plusieurs peintres s'attachent au pointillisme : Henri Edmond Cross, Maximilien Luce, Théo van Rysselberghe, et plus tard Henri Person (le fondateur du premier musée enl922 : le Museon Tropelen), Lucie Cousturier, Jeanne Selmersheim-Desgranges et jusqu'à Francis Picabia
La plupart sont inscrits sur nos cimaises et vous les découvrirez au rez-de-chaussée mais il fallait montrer l'ensemble des œuvres de Signac, et réserver la salle 1 du premier étage à ses peintures, dessins et aquarelles.
Vuillard, Bonnard et Vallotton sont de jeunes artistes qui prirent le nom de Nabis (prophètes en hébreu) pour affirmer leur désir de donner une impulsion nouvelle à la peinture. Les nabis présentent dans l'histoire de l'art un groupe d'individualités plutôt qu'un véritable programme d'esthétique commun. La personnalité de chacun de ces artistes s'affirmant dès 1899, l'unité du mouvement disparaît. Chacun suit une voie singulière qui accuse les particularités et les divergences. Denis, Maillol, Vallotton et Roussel sont présents au rez-de-chaussée
Mais le musée possède un certain nombre d'œuvres de Vuillard et de Bonnard aussi leur avons-nous consacré la salle 2 du premier étage qui montre une pratique picturale peu liée aux théories nabis en ce qui concerne Bonnard notamment.
Le Musée de l'Annonciade a le bonheur de posséder un ensemble de chefs-d'œuvre d'artistes fauves daté de 1905-1907, c'est-à-dire la période la plus féconde et la plus révolutionnaire de ce mouvement qui réunissait Matisse, Marquet, Camoin, Manguin, Friesz, Braque, Vlaminck, Derain et Van Dongen.
Ces artistes sont révélés au public par le Salon d'automne de 1905 où, comme le dit Camille Mauclair, « un pot de peinture a été jeté à la face du public ». L'essentiel du fauvisme réside dans une manière nouvelle d'appréhender le monde, de considérer la nature, non comme un objet de l'art, mais comme un lieu où s'exercent les impulsions subjectives, les tensions intellectuelles et sentimentales, l'imagination du peintre. Il fallait créer des choses émotionnelles à l'aide de formes réduites à l'essentiel et de la couleur pure, telle qu'elle sort du tube. Le besoin d'expression par la couleur amène les fauves à abandonner la perspective, l'ombre, le jeu du clair-obscur, le modelé et enfin, éliminer les détails. Les œuvres de Derain, Vlaminck sont peut-être les plus audacieuses. Mais dans la salle 3 du premier étage, nous avons rassemblé les œuvres des artistes fauves présents dans l'atelier de Gustave Moreau, en souvenir de leurs débuts, alors qu'ils étaient encore des peintres en devenir.
En 1943, Jean Puy écrit à Charles Camoin : « Je regrette l'époque de l'émulation, vers 1905, quand on faisait des études chez Manguin, rue Boursault et avec nous Matisse, de Mathan, Marquet... ». Les œuvres de Matisse, Manguin, Marquet, Camoin et Puy sont ici rassemblées.
Le cubisme est un mouvement fort peu représenté dans les collections du musée ; toutefois, quelques œuvres apportent, par le retour à la couleur et aux grandes compositions monumentales, une contribution brillante et originale qui se démarque nettement des recherches de Braque et de Picasso.
Les plus remarquables de ces œuvres sont sans aucun doute celles de Delaunay, La Fresnaye, Lhote, Dufresne et Gromaire.
La fin de la première guerre mondiale marque l'effondrement des avant-gardes. Tous les créateurs abandonnent l'âge des recherches et des découvertes pour celui de l'exploitation, au gré de leur inclinaison personnelle. Un mouvement profond de réaction s'exprime par un retour au réel qui conduit à un certain classicisme chez Derain, à la quiétude des intérieurs niçois chez Matisse, au retour au métier chez Marquet.
La première affiche publicitaire du Musée de l'Annonciade porte en titre : « Les maîtres de la peinture indépendante (de 1890 à nos jours) ». Cette insertion affirme l'éclatante consécration des artistes indépendants, c'est-à-dire ceux qui, méfiants tant vis-à-vis de l'académisme officiel que des mouvements d'avant-garde, s'exprimèrent librement en dehors de toute théorie et de toute coterie. Tel est précisément le cas de Rouault, Utrillo, Valadon et Dunoyer de Segonzac qui manifestèrent leur attachement à la peinture réaliste.
En parallèle nous retraçons le Saint-Tropez des années 50, à partir de photographies et d'affiches qui annoncent un bouleversement au moment où s'ouvre le musée. La cité des peintres n'est plus et cède la place au cinéma et aux médias. Des textes rappellent l'inauguration du musée en 1955 et parallèlement des photographies montrent le village à cette époque. Un court métrage réalisé en 1952 par Paul Paviot Saint-Tropez, devoir de vacances annonce déjà ce changement d'esprit qui s'accentue avec l'arrivée de Françoise Sagan qui découvre Saint-Tropez dès 1954 et celles de Brigitte Bardot qui devient la star la plus courue, vue et photographiée après le film de Roger Vadim, Et Dieu... créa la Femme.
Un cinéma de plein-air sera installé dans le jardin du musée tous les lundis de juillet et Août et seront projetés des films de 1955.