Jean-Christophe HOUOT, Prêtre de la Mission de France, maraîcher en Creuse

Jean-Christophe HOUOT, Prêtre de la Mission de France, maraîcher en Creuse

Apporter une présence gratuite

Jean-Christophe HOUOT a été ordonné en 2011 à Troyes. Après avoir achevé sa thèse de philosophie, Il a retrouvé son métier de maraîcher et rejoint l'équipe d'Olivier et Albine Thouret avec Jean-Paul HAVARD - prêtre et aide à domicile - et Julien MILLOT, conducteur de bus, qui a été ordonné le 7 décembre 2024.

1°) PEUX-TU NOUS RACONTER L'HISTOIRE DE CETTE INSTALLATION EN MILIEU RURAL, DANS LA CREUSE ?

Le choix de notre installation ne s'est pas fait au hasard : il y avait déjà eu des prêtres de la Mission de France à cet endroit et il y avait toujours un petit noyau de laïcs autour d'Albine et Olivier Thouret. ce lieu, sur le Plateau de Millevaches est aussi très symbolique : on le sait peu, mais « Millevaches » veut dire « mille vasques » en Occitan, mille sources. Cela résume bien ce qu'on souhaite vivre ici : être des sourciers, faire jaillir la foi en la Vie, pour rendre possible ce qui est humainement impossible. C'est tout le propos de la thèse que je viens de terminer sous la direction du théologien Christoph THEOBALD, sur « la pastorale d’engendrement » c’est-à-dire sur notre mission à faire vivre l'Evangile sur un terroir. J'utilise le mot « terroir » et non « territoire », parce qu'il a une dimension d'ancrage culturel local beaucoup plus fort.

2°) POUR TOI, COMMENT, AUJOURD'HUI, « HABITER » UN TERROIR SANS QUE CELA PASSE PAR LA FORME CLASSIQUE DE LA PAROISSE ?

A la différence des milieux urbains où les gens ont déjà tout, en milieu rural, il n'y a rien au sens où il n'y a aucun service de proximité. Tout est à réinventer. Il ne s'agit pas pour nous de remplacer les services publics, encore moins de revenir à une forme de chrétienté quand l'Eglise gérait les hôpitaux, les écoles...mais d'apporter notre pierre au développement du terroir. Nous avons donc un large espace pour i c r des choses utiles aux habitants, en continuité avec la paroisse, dans laquelle nous sommes aussi engagés, puisque nous sommes envoyés en mission en service du diocèse.

3°) COMMENT LES HABITANTS ONT-ILS PERCU VOTRE INSTALLATION ? QUELS SENTIMENTS OU RÉACTIONS ? DE LA MÉFIANCE OU DE L'INTÉRÊT ?

Parler de méfiance serait trop fort. Disons plutôt que cela a suscité des questionnements. Nous arrivions sur une terre largement athée, et sans doute certains se sont demandé si nous venions pour les évangéliser... En fait, ce que nous apportons, c'est une présence gratuite. On n'arrive pas pour débattre ou pour imposer quelque chose. Dès lors qu'on s'intéresse aux questions des habitants, leurs soucis - les cultures, le chauffage, le bois, etc...- qu'on partage les mêmes réalités très concrètes, alors la confiance s'instaure. Et ce qui se vit est merveilleux !

PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUELLE PIRAT.

En Mission numéro 8 - 20 décembre 2024 - page 3

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