Le service diocésain des Migrants vient exprimer un défi adressé à tous les chrétiens du diocèse comme « à tous les hommes de bonne volonté » du département :
« La situation de nombreux étrangers déboutés du droit d’asile et sans papiers qui craignent pour leur liberté et pour leur vie en cas de renvoi dans leur pays ».
En 2004 et 2005 c’est plus de 500 étrangers qui ont déposé un dossier de demande d’asile conventionnel ou subsidiaire à la préfecture de l’Eure. Au bout d’une procédure de 6 mois à 2 ans c’est plus de 80% d’entre eux qui se trouvent déboutés. En effet c’est au demandeur qu’incombe la charge de la « preuve » : prouver, par des témoignages et des documents obtenus au pays, les menaces réelles qui pèsent sur lui, ce qui est la plupart du temps impossible. C'est-à-dire que dans notre département ce sont plus de 400 personnes qui chaque année se retrouvent sans travail, sans ressources, sans logement, démunis de tout et en particulier de leurs droits humains fondamentaux. Depuis l’été dernier, deux décrets du gouvernement rendent même l’aide médicale d’Etat inaccessible pour de nombreux étrangers « sans papiers ».
En Septembre 2005 les préfets réunis par le ministre de l’intérieur ont été invités à augmenter de façon des très significatives le renvoi d’étrangers dans leurs pays d’origine (passer en 2 ans de 13.000 expulsions à bientôt 30.000 expulsions pour l’ensemble du territoire national).
Nous pouvons témoigner que la plupart de ceux qui font une demande d’asile à la France ont des raisons objectives de la faire : ils fuient des pays en guerre, des conflits ethniques, le pouvoir des mafias locales qui les obligent au trafic de drogue ou à la prostitution.
Chrétiens nous croyons que « toute personne est une histoire sacrée et que l’homme est crée à l’image de Dieu ». Nous ne pouvons accepter que des frères et des sœurs qui sont venus chez nous espérant trouver refuge soient mis dans des situations inhumaines et dégradantes. Nous sommes invités à relever ce défi de l’accueil et de la solidarité.
Jésus-Christ ne s’est-il pas identifié à celui qui a faim, soif, à celui qui est étranger, malade, prisonnier (cf. Evangile de Matthieu ch. 25) ?
Pour le service diocésain d'Evreux,
Le délégué
Denis Chautard
12 janvier 2006