Hiroshima et Nagasaki, un « mal nécessaire » ?
04 août 2015Pour le 70e anniversaire de la bombe atomique, Arte propose une soirée spéciale sur les aspects jamais évoqués de l’arme la plus dévastatrice de l’histoire.
Son nom résonne encore de manière sinistre. « Little Boy », la première arme nucléaire jamais utilisée dans l’histoire, a tué sur le coup 80 000 Japonais, le 6 août 1945 à Hiroshima. Les Américains réaffirment son pouvoir dévastateur deux jours plus tard, à Nagasaki.Les témoins des explosions disent n’avoir jamais rien vu de tel. Au moins 260 000 Japonais seraient morts (à long terme et selon une échelle haute), mais le pire reste à venir.
Considérées comme un « mal nécessaire » par les Américains et comme une faiblesse à dissimuler du point de vue du gouvernement de l’empereur Hirohito, les bombes atomiques de Hiroshima et de Nagasaki deviennent l’une des plus grosses opérations de camouflage du XXe siècle.
LES VICTIMES DE RADIATION VIVRONT COMME DES COBAYES
Avec une habileté rigoureuse, les États-Unis parviennent à détourner le monde de la réalité des faits. Le mathématicien de génie John Von Neumann, qui participe à la mise au point de la bombe A, est traité en héros.
La propagande américaine estime que les deux bombes atomiques ont permis de mettre fin à la guerre. Bénéficiant d’images d’archives inédites et de documents confidentiels classés « secret défense » pendant des années, ces trois enquêtes de grande ampleur démontrent qu’un cessez-le-feu était en négociation avec le Japon.
Coupées du monde par les Américains, auscultées mais pas soignées, stigmatisées par les survivants, les victimes des radiations vivront comme des cobayes, mais aussi sous l’emprise des mafias japonaises.
Les jeunes filles seront vendues et les orphelins seront enrôlés dans les yakuzas. Les corps des victimes seront dépouillés, leurs dents en or arrachées. Un quotidien et des conditions qui seront complètement passés sous silence par la censure du gouvernement japonais.
Les voix dissidentes ne dépasseront pas les limites de Hiroshima et de Nagasaki. Pendant plusieurs jours, à part dans les deux villes, aucun Japonais ne sait que des bombes atomiques ont explosé.
Pour la première fois, des témoignages intenses et lourds rétablissent les vérités historiques. Les agents des services secrets tokyoïtes, les techniciens qui ont travaillé sur la bombe, un des pilotes de l’avion « Necessary Evil » (qui a transporté la bombe larguée sur Hiroshima) ou les survivants qui s’expriment sont unanimes : la guerre aurait cessé même sans l’arme nucléaire.
Juliette Redivo
70e anniversaire de la bombe d’Hiroshima et de Nagasaki, à 20 h 55, mardi 4 août sur Arte.