14 septembre : Fête de la Croix glorieuse !

Je vous propose cette méditation très suggestive sur la croix de Jésus :

« Dieu est menacé, menacé comme la dignité humaine, menacé comme la grandeur humaine, menacé comme tout ce qui est humain parce que, justement, Il est la respiration de tout ce qui est humain. Il est la caution de tout ce qui est humain. Il est le secret de tout ce qui est humain. Il est l'essence, Il est le cœur, Il est la lumière de tout ce qui est humain. Il est l'humanité même dans sa source et dans son universalité puisqu'Il l'est. Et c'est là justement tout le mystère de la Croix comme Il est dans sa fragilité, désarmé, livré à l'homme, livré au jugement de l'homme, livré à la condamnation de l'homme comme la vérité.

Il est si facile de piétiner, de défigurer, de s'approprier, pour en faire un monstrueux monopole, qui permettra en toute sécurité de condamner. De condamner qui ? Mais justement le Fils de l'homme et le Fils de Dieu !

Nous sommes déjà au cœur de la Passion. C'est là qu'elle s'accomplit justement dans cette méconnaissance du royaume intérieur de l'homme. Alors on voulait voir un temple, un temple immense dont la beauté stupéfiait le regard du pèlerin. On voulait circuler dans ses galeries aux assises formidables. On voulait cette splendeur d'un culte extérieur, qui finalement n'engageait à rien, on voulait ce monopole, on voulait cette certitude sur le papier qui permette de passer tranquillement à côté du blessé sans le voir. On voulait ces garanties, on voulait ces cautions qui sanctifient par des objets, sans que l'on ait besoin de se convertir et de se transformer.

Et voilà la religion, la religion tragique, la religion du Fils de l'homme, la religion de la Croix, la religion de la défaite, la religion de la fragilité, la religion de l'innocence condamnée, méconnue, piétinée. Et pourquoi s’étonner ? C'était si commode d'avoir un Dieu bon à tout faire, un Dieu dont on chargeait les épaules de tous les fardeaux de l'Histoire, un Dieu qui devait intervenir à point nommé, un Dieu qui devait mettre ses mains, ses doigts dans la mécanique du monde, un Dieu que l'on appelait à la rescousse lorsque l'on ne savait plus se tirer d'affaire et que l'on se hâtait d'oublier, lorsque la vie prospérait, s'engraissait, lorsque l'animal humain ne se sentait plus blessé, ne se sentait plus réduit à se découvrir et à reconnaître sa dignité.

Et maintenant nous savons que le Vrai Dieu, du moins nous commençons à nous en douter, que le Vrai Dieu est là, qu'Il est au-dedans de nous, qu'Il nous est livré comme la vérité aux savants, comme la musique aux musiciens, comme l'amour au cœur de l'homme…… »

Maurice Zundel

Dans Vie, Mort et Résurrection, Chapitre 1 La dignité de l’homme

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