Diaryatou Bah: "l'excision est un cri que l'on n'oublie jamais"
05 juil. 2017Excisée à 8 ans en Guinée, mariée de force à 13 ans, Diaryatou Bah milite contre les mutilations sexuelles et appelle les hommes à témoigner.
Employée en France dans une association qui vient en aide aux exclus et aux femmes en fragilité, Diaryatou Bah sort en 2006 un livre intitulé "On m'a volé mon enfance" pour dénoncer la pratique de l'excision.
Elle est aujourd'hui engagée à alerter sur les risques encourus par les adolescentes qui passent les vacances dans le pays d'origine de leurs parents. Elle partage sa douloureuse expérience.
"On m'a demandé de suivre une femme dans une pièce et on m'a vêtue d'un simple pagne. Personne ne m'a dit ce qui allait se passer, on m'a tenu les bras, les jambes et j'ai été excisée", raconte cette femme de 31 ans à l'AFP.
"Le cri de l'excision, c'est un cri de douleur qu'on ne peut jamais oublier", poursuit Diaryatou, arrivée en France à l'âge de 17 ans.
L'ambassadrice de la campagne de prévention baptisée "Excision, parlons-en!" rappelle qu'à l'époque, dans son village, "si une fille n'était pas excisée, ce n'était pas normal".
"Enfance volée"
Mariée à 13 ans et demi à un polygame de 30 ans son aîné, elle quitte son pays pour rejoindre ce quasi-inconnu aux Pays-Bas.
Lorsqu'elle a 17 ans, le couple s'installe près de Paris.
Souvent laissée seule et sans argent pendant que son mari rejoint d'autres épouses, elle se sent enfermée. "Je ne parlais pas français, je n'avais jamais pris le métro, je n'avais pas de papiers, j'étais coupée du monde", témoigne-t-elle.
Un soir, après quatre ans de vie conjugale qui lui en ont "paru quarante", elle tombe sur une émission où témoignent des femmes victimes de violences. A 17 ans, devant son écran, elle note le mot "assistante sociale" pour pouvoir "sortir de l'enfermement".
AFP