Visite de la Caverne du Pont d'Arc, en Ardèche

J’ai visité hier la réplique de la grotte Chauvet : « la caverne du Pont d’Arc ». Il faut prévoir une demi journée pour découvrir toutes les animations prévues avant de se lancer dans la visite de la grotte elle-même, une pure merveille !

Je vous recommande cette découverte de nos aïeux de 36.000 ans : les Aurignaciens  

Les Aurignaciens

D'il y a 43 000 à 35 000 ans

Les Aurignaciens sont des sapiens, hommes anatomiquement modernes qui, à l’instar de l’ensemble de la population actuelle, ont la capacité de s’adapter et de s’intégrer aux aires géographiques et chronologiques les plus diversifiées. Leur arrivée en Europe avant 40 000 ans les fait coexister quelque temps avec Néandertal en particulier dans le Sud-Ouest de l’Europe. Dans l’état actuel de la  connaissance, seul sapiens est porteur de la culture aurignacienne et des comportements qui lui sont associés.

Une culture européenne

La culture aurignacienne se développe en Europe et au Proche-Orient pendant une longue période. Elle a été subdivisée et les phases les plus anciennes puisent leurs origines dans des cultures qui semblent assurer une transition entre les mondes néandertaliens  et ceux de sapiens. L’Aurignacien au sens large s’étend donc du Proche-Orient à la partie la plus occidentale de la Russie et couvre toute l’Europe centrale jusqu’à l’Espagne et le Portugal.

L’Aurignacien est associé au plan matériel à la production d’outillage élaboré à partir de lames et de lamelles, à une industrie osseuse très spécifique associé au développement d’une large gamme d’expression symbolique : parure, art mobilier et pariétal.

La chronologie de cette vaste phase culturelle perceptible à l’échelle européenne s’étend depuis  43 000 jusqu’à 35 000 ans. À cette dernière période apparaissent les premières cultures du Gravettien.

 

La vie au quotidien

Au cours du long épisode de froid glaciaire qui sévissait il y a 36 000 ans, le mode de vie des chasseurs aurignaciens en Europe dépendait étroitement de leurs capacités techniques à exploiter un gibier abondant dans les steppes et les toundras et à organiser leur habitat et leur subsistance dans ces territoires. Les immenses troupeaux d'herbivores ont ainsi constitué leur gibier privilégié : renne, cheval et bison.

Les habitats et l'équipement

On connait des habitats aurignaciens sous forme de campements en plein-air et d'habitats sous abri ou en entrée de grotte. L'intérieur de l'habitat est organisé autour de foyers  structurés. Les aires d'occupations y sont marquées par d'abondants vestiges lithiques et osseux ainsi que par une abondance de colorants (ocre rouge et manganèse) dont la couleur imprègne encore les sédiments. Dans le Nord de l'Europe, de la vallée du Danube à la plaine russe, on connait des habitations construites à partir des abondants squelettes de mammouths.

Les équipements de chasse les plus typiques sont des pointes de sagaies en matière organique dont la base fendue ou losangique permet un emmanchement efficace et de nombreuses armatures de projectiles en silex. Ces dernières sont tantôt de petites pointes de projectiles semblables à des pointes de flèches et des lamelles finement retouchées qui sont des barbelures de pointes composites.

Nomadisme et saisonnalité

La mobilité résidentielle des Aurignaciens est directement liée au déplacement saisonnier des populations d'herbivores. Leurs techniques de subsistance témoignent de cette mobilité à travers le déplacement des silex et des pointes de projectile qui accompagnaient les chasseurs ainsi qu'à travers celui de la parure en coquillage que l'on retrouve abandonnée bien loin des rivages de l'époque. Ces différents éléments témoignent par leur déplacement dans l'espace du nomadisme de ces populations du Paléolithique récent européen.

 

L’art pariétal aurignacien

La grotte est devenue célèbre en raison de la qualité esthétique des œuvres et de leur ancienneté : deux grandes périodes de fréquentation y furent mises en évidence par 82 dates radiocarbone. Les passages humains les plus anciens, autour de 36 500 ans, se situent à l’Aurignacien, et les plus récents, entre 30 000 et 31 000 ans, au Gravettien. La convergence des résultats obtenus dans plusieurs domaines de recherche (paléontologie, géologie, archéologie, datations diverses) fait de Chauvet le site orné non seulement le plus daté mais le mieux daté au monde.

Les thèmes

Parmi les 435 figurations animales recensées, mammouths, félins, rhinocéros et ours représentent près de 65 % des espèces déterminables. Ces animaux redoutables, en général non chassés, deviendront ensuite très minoritaires dans l’art. Les autres espèces dessinées sont les chevaux, les bisons, les aurochs, les bouquetins, les cerfs (dont des mégacéros), les rennes, et d’exceptionnelles images de bœufs musqués, de hibou, de panthère et peut-être de hyène.

Les thèmes humains comprennent le bas du corps d’une femme, associé à un bison et à un félin, plusieurs sexes féminins et des mains rouges, positives et négatives. De multiples ponctuations de grande taille, faites avec la paume de la main enduite de peinture, constituent l’une des originalités de la grotte.

Les techniques

Les techniques utilisées comprennent l’estompe pour modeler le relief interne des animaux, le détourage pour les faire ressortir, et la recherche de la perspective. La gravure, le fusain (charbons) et la peinture rouge ont été utilisés.

La qualité esthétique d’œuvres aussi anciennes a bouleversé nos conceptions sur la genèse et le développement de l’art qui, pendant le Patéolithique comme après, a connu nombre d’apogées et de déclins.

 

Les expressions symboliques

L’Aurignacien est une des premières cultures qui s’imposent de façon aussi homogène dans toute l’Europe du Sud-Ouest à une période d’expansion démographique des populations de  sapiens modernes identiques à nous. L’Aurignacien a été précédé en Europe, avant 40 000 ans par un ensemble de cultures présentant des différences dans la conception de leurs outillages, désigné sous le terme de Protoaurignacien.

La parure est omniprésente dans l’Aurignacien sous forme d’éléments prélevés sur différentes espèces animales : dents d’ongulés et de carnivores (loup, lion, renard), et de coquilles marines. Une partie d’entre elle, perles et pendeloques, est élaborée à partir de matières organiques résistantes (os, bois de renne et ivoire). La musique, attestée par des flûtes en os d’oiseau et en ivoire, et vraisemblablement les arts du corps (telle que la danse) devaient tenir une place importante dans l’expression artistique.

Les statuettes de mammouths, lions, chevaux, ours ou rhinocéros composent l’essentiel de l'art mobilier aurignacien comme celles des sites aurignaciens du Jura Souabe aux alentours de 40 000 ans. Ce bestiaire figuré se retrouve aussi dans l’art pariétal de la grotte Chauvet. Il témoigne de la puissance et de la force de l’Animal, chassé et consommé par ailleurs.

Les représentations mi-humaines, mi-animales de l’Aurignacien constituent des œuvres imaginaires originales qui attestent de la réussite magistrale de la transposition du mythe dans la création plastique. C’est le cas de l’homme-lion mystérieux, découvert dans le Jura Souabe, qui intègre l’esprit de l’animal dans une silhouette résolument humaine ou du pendant de la Vénus de la grotte Chauvet.

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