Homélie du dimanche 30 mai 2021
24 mai 2021Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 28, 16-20.
« En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Homélie
Deux mots aujourd’hui pour notre réflexion : Dieu et Trinité.
Dieu : Une question qui hante l’humanité depuis toujours. L’Éternel a pris successivement plein de visages : maître exigeant, juge au cœur de pierre, souverain impitoyable. Des hommes et des peuples ont cru être victimes des humeurs divines, esclaves sans avenir, coupables sans espérance. Mais ici ou là des petites lueurs ont percé les ténèbres. Des croyants ont perçu comme des battements de cœur venant du ciel et en même temps du fond de leur être. Le maître du ciel et de la terre n’aurait-t-il pas quelque chose du père et de la mère ? Et le peuple hébreu s’est laissé conduire par ses poètes de la foi à la découverte du TOUT AUTRE : l’inaccessible est devenu proche, la crainte a fait place à la confiance. “Sache donc aujourd’hui et médite cela dans ton cœur… Le Seigneur est Dieu là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre”(1ère lecture).
Un pas de plus : la proximité se fait intimité : c’est l’alliance. L’aventure d’une petite nation devient histoire d’amour, miracle du pardon, force de l’espérance. On sait que l’amour ne supporte pas les séparations : en Jésus, Dieu est venu à visage découvert, l’Esprit s’est fait chair, et des humains ont fait l’expérience de Dieu et de sa façon d’aimer. Pour bien le connaître, il faut aimer les frères et sœurs humains. Si les liens d’humanité se chargent de haine, la connaissance de Dieu est brouillée. Par la foi en Jésus Christ chacun peut donc être entraîné par l’Esprit qui transforme la peur en confiance et la tristesse en joie. Il fait de nous des fils, dit Saint Paul, et il nous autorise à crier vers le Père en l’appelant papa, comme le Fils qui l’appelait Abba ! Alors Jésus est un frère authentique.
Alors apparaît le mot Trinité : Le mot est lâché ? Compliqué ? Pas plus que nos familles humaines. Personne n’a attendu de savoir ce qu’est une famille pour venir au monde et y vivre. La Trinité, ce n’est pas une élucubration d’intellectuels, c’est le mot que l’Eglise a trouvé pour formuler ce que nous disent de Dieu le livre Evangile et la vie que nous vivons : dans l’Evangile, Jésus parle du Père dont il reçoit tout ; et quand il s’en va, il annonce qu’il nous enverra l’Esprit ; dans notre vie, Dieu Trinité aide à comprendre qui nous sommes. Pourquoi si différents les uns des autres : parce que nous sommes créés à l’image d’un Dieu-pluriel.
La Trinité n’est pas une énigme, mais une clé pour comprendre qui nous sommes : Jésus dit qu’il nous est possible de connaître le Père : “Dieu, personne ne l’a jamais vu, le Fils unique qui est dans le sein du Père, c’est lui qui 1’a révélé.” (Jean 1, 18). Jean-Noël Besançon a une belle formule : “Jésus, tout le portrait de son Père !” Ce visage, Saint Jean le décrit en ces mots : “Dieu est amour” (1 Jean 4, 8). Jésus parle de Dieu comme nous parlons d’amour.
En tout amour authentique, il y a initiative, accueil et communion. Dieu Père est initiative. Jésus ne cesse de dire que le Père est la source de ce qu’il vient nous partager : vie, tendresse, fidélité, pardon. “Comme le Père m’a aimé, je vous ai aimés.” Lui, le Fils, est tout entier accueil. Ce qu’il a, ce qu’il est, il le tient du Père. Et c’est dans l’Esprit Saint que se vit et se dit cette communion profonde en Dieu. L’Eglise veut être communion d’amour car le cœur de Dieu a voulu battre dans un cœur d’homme pour imprimer à chaque cœur d’homme le rythme de son amour.
Chacun est invité à se laisser saisir par l’amour du Père, initiative, premier pas toujours nouveau. Et à se laisser habiter par l’amour du Fils qui est accueil, reconnaissance, partage. Il n’aime pas vraiment celui qui ne sait pas recevoir. Et l’Esprit de communion ouvre sans cesse des communications ; il est comme un trait d’union.
L’Evangile d’aujourd’hui dit : “Allez ! Faites des disciples”. Non pas : cherchez des adhérents. Mais allez. Aller, c’est partir, quitter, être libre. Aller, c’est devant. Aller, c’est signe de confiance. Va ! C’est une décision. Il s’agit d’apprendre à garder les commandements autrement qu’au réfrigérateur. Le seul commandement c’est d’aimer ! Une jeune fille avait un jour formulé magnifiquement cette richesse que chacun de nous porte en soi : “Dieu est le seul bonheur gratuit auquel tout le monde a droit”.
Robert TIREAU
Prêtre du Diocèse de Rennes