La prière sacerdotale de Jésus © Photo Les Fraternités Monastiques de Jérusalem

La prière sacerdotale de Jésus © Photo Les Fraternités Monastiques de Jérusalem

Évangile de Jean (17, 11b-19)

« En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :« Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.

Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.

Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

Homélie

Chers frères et sœurs,

Parfois il m’arrive d’avoir envie de jeter l’éponge ! Rien ne va plus ! Des questions m’étouffent. Des craintes m’habitent. Des déceptions avec d’autres personnes ou au travail me détruisent.
J’aimerais m’en aller : je ne supporte plus les images de misère à la télé, les tensions dans ma famille ou la brouille chez les voisins (…) Tout cela peut peser lourd, peut nous attrister et enlever toute la joie de vivre. On se sent mal, incompris, perdu, abandonné, seul et inutile.
Peut-être connaissez-vous aussi de telles heures.

«Je prie pour toi»…

Et tout à coup quelqu’un s’approche et me dit : " je prie pour toi – Je prie pour toi». Cette petite phrase est comme une flèche en plein cœur. Je commence à pleurer. C’est un mot magique qui décrit exactement la situation où je me trouve : je n’ai pas besoin de conseils – pas maintenant; ou d’une phrase comme : « ça va s’arranger ». J’ai besoin de compréhension, de sympathie, de proximité, d’amour et de prière.

Cette phrase « je prie pour toi » me prend au sérieux, elle me cherche où j’en suis, elle crée de la proximité et elle me réconforte. Je ne peux dire que : merci, pas nécessaire d’autres mots : merci, c’est un cadeau.

Notre place est dans ce monde. Et c’est exactement ce que Jésus fait dans notre évangile d’aujourd’hui: «Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. »
Jésus ne prie pas le Père au ciel pour que les disciples soient préservés de toute difficulté et pesanteur et qu’il les retire du monde, non, il prie le Père, qu’il les garde et les protège.

La foi nous fait résister

La foi n’est pas une fuite pieuse où nous abandonnons ce monde dur parce que nous rêvons d’un autre monde fantastique. C’est ici notre lieu d’amour. C’est ici notre lieu de mission. C’est ici où on a besoin de nous.

Nous ne pouvons pas choisir notre époque. C’est maintenant notre temps, c’est maintenant l’heure de notre vie. Nous ne pouvons pas trier les problèmes qui se présentent. Nous créons nous-mêmes certains problèmes, nous sommes confrontés à d’autres.

La foi ne veut pas détourner les chrétiens de ce monde et de ses problèmes. Elle ne veut pas non plus nous débarrasser de toutes questions et soucis. Elle veut nous faire résister et demeurer au milieu de ce monde.

L’épreuve n’existe pas en passant à côté de ce monde, mais seulement au milieu de lui. Nous sommes appelés à rester au milieu de ce monde, non seulement en supportant les questions et les problèmes, mais en contribuant à changer ce monde pour nous-mêmes et pour les autres: avec patience, persévérance et puissance. Il s’agit d’accepter des déceptions sans se désespérer; poursuivre avec une espérance inébranlable, c’est ça qui compte.
En sachant que je ne suis pas seul, parce que d’autres prient pour moi. Par la prière des autres je ne suis plus dominé par les problèmes parce que je sais que Dieu me protège et m’accompagne; cela me donne de l’espace pour trouver de nouvelles solutions là où je n’en voyais plus.

Prier pour quelqu’un est plus que penser seulement à lui. Parfois j’entends : «Je pense à toi. » – Et je suis reconnaissant pour cette solidarité, cette sympathie qui s’y exprime. «Je prie pour toi» : c’est encore plus car on ne me dit pas seulement: « je pense à toi, je me déclare solidaire de toi; je t’accompagne dans ma pensée » mais bien plus : je prie Dieu pour toi, qu’il te garde, lui, qu’il réponde à ta demande, à ton souhait, qu’il te bénisse – parce que ses capacités sont beaucoup plus grandes que les miennes – et j’ai confiance en Dieu, qui a le
pouvoir de te sauver, qui peut réparer ta situation et te protéger. Jésus prie son Père et il lui confie tous ses disciples, mais aussi tous ceux qui croient en lui. Par cette prière Jésus exprime sa confiance en son Père et son amour envers nous.

La prière est une forme d’amour

Et si nous nous adressons à Dieu, c’est la même chose: nous avons confiance en lui. Et cette confiance est une forme d’amour envers lui. Dieu nous a confié le monde entier, toute la création parce qu’il nous aime. Nous pouvons exprimer notre amour envers lui par la prière que nous lui adressons en lui confiant tous nos besoins, nos souffrances, nos joies et difficultés.

Prier pour quelqu’un est une forme d’amour à la fois envers cette personne et envers Dieu. Grâce à la prière Dieu nous donne sa force : à moi qui prie et à celui pour qui je prie. Ayons le courage de prier pour les autres, mais ayons aussi le courage de demander à d’autres leur prière pour nous. Cette demande peut aussi être une forme d’amour envers lui, parce que nous sommes convaincus que l’autre est capable de prier pour nous.

Le testament de Jésus : sa prière pour les siens

Cette prière de Jésus pour ses disciples et nous tous est la dernière action avant ses journées de passion; c’est comme un testament qu’il nous laisse : sa prière pour les siens, parce qu’il nous aime.

Parfois j’entends la plainte : je suis déjà âgé, je suis malade, je ne peux plus travailler, je ne sers plus à rien, je suis inutile : quel est encore le sens de ma vie ?
Je peux répondre : Fais comme Jésus : la dernière chose avant sa passion c’est sa prière pour ses disciples et pour nous tous qu’il aime et nous qui l’aimons. De la même façon un homme, une femme âgée, peut-être à la maison, peut-être dans un home, à l’hospice, peut prier Dieu pour les autres : pour sa famille, pour ses enfants, pour les jeunes en crise, pour les voisins, pour les gens en détresse, pour les pays en guerre, pour les réfugiés, pour les malades, pour les chômeurs, pour toutes et tous : Jésus prie pour que Dieu les garde, qu’ils s’aiment les uns les autres, il prie pour la réconciliation dans les familles, pour la paix entre les peuples, entre les humains, mais aussi pour la réconciliation de l’homme avec lui-même.

Puissance de la prière

Oui, notre place est ici-bas sur notre terre ! Ayons confiance en Dieu – croyons-le capable de nous aider et nous soutenir !
Ayons aussi le courage pour demander à d’autres qu’ils prient pour nous. Soyons prêts à prier pour les autres. La prière est une grande puissance et elle donne la force ! La prière est un service d’amour envers Dieu et les autres. Par la prière nous sommes des disciples de Jésus en suivant son exemple.

Franz Mali

Prêtre et professeur à l’Université de Fribourg (Suisse)

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