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L’in-fans de la crèche, celui qui ne parle pas, nous invite à la parole fraternelle, échangée, partagée entre nous.

              (….)

              En cette période hivernale, il suffit de se promener dans les rues sonorisées de nos villes ou entre les gondoles des supermarchés, pour entendre l’hymne des cieux chanté par les anges de nos campagnes, le même qui retentira la nuit de Noël dans toutes les églises du monde entier.

              « Gloria In excelsis Deo » ne cesse d’être diffusé entre « Petit papa Noël » et « Vive le vent d'hiver ». Le message angélique retentit, certes ; mais, reconnaissons-le, il est bien souvent couvert par les clochettes du traîneau du Père Noël

               Dans de nombreuses maisons où la crèche est installée, l’ange déploie à loisir sa banderole au-dessus de la sainte famille pour chanter la gloire de Dieu et souffler dans sa trompette, annonçant ainsi la naissance de l'enfant Dieu. La plupart du temps, la mère de famille l’a niché tout en haut, au-dessus de la crèche.

              Or dans l’évangile de la nuit de Noël l’ange du Seigneur, littéralement le « messager », ne visite pas l'enfant mais les bergers. On le voit bien apparaître, mais dans les champs, auprès des bergers qui veillent la nuit et qui seront les premiers avertis de cette fantastique nouvelle : dans cet enfant emmailloté dans ses langes dort le Seigneur qui viendra en gloire.

            Les bergers sont les gens du petit peuple ; ils ne connaissent ni ne pratiquent la Loi. Ils ne sont pas très malins, justes bons à garder leurs bêtes.

             En fait, ils ne sont guère habitués à être visités par des messagers prestigieux mais ils ont l’oreille fine, tant grande est leur habitude de scruter les bruits nocturnes pouvant révéler un danger pour leur troupeau. Ce sont aussi des spécialistes de la veille, à force d’être près des jeunes mères qui mettent bas.

             C’est sans doute pour cela qu’ils ont entendu le message de l’Ange leur annonçant le Sauveur ainsi que le signe de reconnaissance : un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. La crèche, ils connaissent, c’est la mangeoire de leurs animaux, là où repose la nourriture pour leurs troupeaux. C’est dans ce premier tabernacle qu’ils Le trouveront.

              Dans nos églises, pendant la nuit de Noël, ne retentira que le message de l’Ange auquel une troupe nombreuse de l’armée céleste se joindra pour louer Dieu.

              Il faudra attendre le jour de l’an pour entendre la suite du récit. Les anges s’étant retirés, ces gens simples, ni blasés, ni gavés, ensemble se déplaceront vers la crèche. Tout ce que l'ange leur avait annoncé s'est réalisé… Ces hommes méprisés, impurs, indignes de confiance – le témoignage d’un berger n'était pas même valide dans un tribunal – sont devenus des « anges », c'est-à-dire des messagers et des célébrants. Comme l'ange du Seigneur, ils annoncent un message de bonheur, comme l'armée céleste, ils chantent les louanges de Dieu.

            Ces bergers, ces hommes exclus et rejetés de tous, deviennent des témoins annonçant la Bonne Nouvelle, mais leur condition humaine est si simple que beaucoup ne leur prêtent pas attention. Ils restent même bien souvent aux portes de l’église, aux portes de la crèche tellement leur présence est susceptible de déranger.

              Or, la merveilleuse nouvelle c’est que non seulement Jésus vient vers tous, mais que son message passe par tous, même les gens les plus simples et les plus ordinaires et ceux que l'on considère comme des perdants. Voilà le message de cette sainte nuit.

             Qu’en faisons-nous ?

             Le monde de justice et de paix auquel sourit l’enfant de Noël, c’est à nous de le construire jour après jour.

             Certes nous sommes conscients de l’immensité de la tâche et de la faiblesse de nos moyens. Nous connaissons notre misère et notre difficulté à ouvrir personnellement et communautairement l’espace de notre crèche intérieure.

              Nous avons tristement expérimenté que nous ne transformerons rien par un coup de baguette magique, mais si en ce jour de Noël nous pouvions rejoindre la longue lignée des témoins qui, depuis les bergers de Bethléem, se sont émerveillés du don de Dieu en Jésus-Christ ?

             Alors dans la contemplation de l’incarnation nous pourrions puiser la force de ne pas désespérer de l’homme, de ne pas désespérer de nos communautés, de ne pas désespérer de nous-mêmes.

             À notre tour, comme les bergers, glorifions et louons Dieu de tout notre être !

             Que l’in-fans reçoive en cette nuit notre mémoire, notre intelligence, notre volonté !

              Qu’Il nous donne la grâce de le servir humblement et que cette grâce nous suffise !

             Joyeux Noël à tous !

               Nathalie Gadéa

               

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