Dans le centre d'hébergement du bois de Boulogne, les migrants profitent d'un miment de répit. Crédit : Leslie Carretero

Dans le centre d'hébergement du bois de Boulogne, les migrants profitent d'un miment de répit. Crédit : Leslie Carretero

Après le démantèlement du camp du "Millénaire" à Paris mercredi 30 mai, plus de 1 000 migrants ont été orientés vers des centres d’hébergement temporaire en région parisienne. Soixante-quinze d’entre eux ont été envoyés dans celui du bois de Boulogne, géré par l’association Aurore. Reportage.

Le calme règne dans le centre d’hébergement temporaire installé à quelques pas de l’hippodrome de Longchamp, dans le bois de Boulogne, à Paris. Il est 10h ce jeudi de mai et seuls quelques migrants sont sortis de leur tente pour prendre leur petit-déjeuner, les yeux rivés sur leur téléphone. Les autres dorment encore.

Semih*, un éthiopien de 21 ans, mange une tartine de confiture en buvant son café dans une tente qui fait office de réfectoire. En France depuis peu, il a passé un mois dans le camp du "Millénaire", près de la Porte de la Villette. "C’est bien ici, on est à l’abri sous des vraies tentes. On se sent en sécurité et l’ambiance est plus calme que dans la rue", avoue-t-il timidement.

Un moment de répit

Comme lui, ils sont 75 migrants, répartis dans dix tentes, à être hébergés sur le site depuis le démantèlement du camp de la Villette mercredi 30 mai - les autres évacués ont été envoyés dans 23 autres centres de Paris et sa région ouverts pour l’occasion. "Ils sont arrivés hier vers 8h30/9h", précise Nicolas Hue, responsable du centre. "Ils étaient déboussolés et épuisés. Ils ont passé une bonne partie de la journée de mercredi à se reposer", dit-il encore.

À leur arrivée, des kits d’hygiène - comprenant des brosses à dent, du dentifrice et du savon - et des "packs de bienvenue" avec notamment des tongs, leur ont été distribués.

Le site possède plusieurs douches et toilettes et des repas sont distribués trois fois par jour. Dès la semaine prochaine, des activités sportives et culturelles vont être mises en place. "On a un peu ouvert dans l’urgence, les tentes ont été installées la veille du démantèlement et tout n’était pas complètement opérationnel hier mais ça fonctionne quand même plutôt bien", explique Nicolas Hue.

Peu après leur arrivée, les migrants ont passé un mini-entretien avec des officiers de l’Ofii afin de déclarer leur identité et fournir des attestations officielles, s’ils en avaient (rendez-vous en préfecture, rendez-vous à l’Ofpra…). Selon Nicolas Hue, environ 10% des résidents sont des réfugiés statutaires et une grosse moitié sont des primo-arrivants.

"Je ne vais pas rester ici longtemps car je ne veux pas retourner en Italie"

L’association Aurore a été mandatée pour la gestion du lieu pour une durée de 15 jours, renouvelable une fois. Les migrants n’ont pas vocation à y rester longtemps.

Dès la semaine prochaine, des agents de la préfecture les accompagneront au guichet unique de Paris. Ensuite, ils intégreront le processus classique des demandeurs d’asile : à savoir l’orientation vers un CAES puis vers des structures d’hébergement selon leur situation administrative (CAO, CADA…).

Reste que la plupart redoute la suite des évènements. Beiniam a déposé ses empreintes en Italie. Ce jeune érythréen de 21 ans croisé sur le site redoute d’être dubliné. "J’ai passé des mois en Italie, je ne veux pas y retourner, c’est l’enfer là-bas. Je veux demander l’asile en France", affirme-t-il. "De toute façon, s’ils me renvoient, je reviendrai à Paris".

Un de ses compagnons d’infortune, Issa, originaire du Tchad, se dit "content" d’être là mais craint lui aussi son renvoi en Italie. "Je ne vais pas rester ici longtemps car je ne veux pas retourner en Italie". En fin de matinée, le jeune homme quitte le centre d’hébergement d’urgence – les migrants peuvent aller et venir comme bon leur semble de 8h30 à 22h30. "Je ne sais pas si je reviens, on verra bien", dit-il l’air résigné.

Leslie Carretero

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