Homélie du dimanche 12 août 2018

Le pain de la vie Rappelons-nous. Jésus vient de nourrir une foule immense. Tous ont pu « manger à leur faim ». Tous ! Il ne peut être question pour Jésus, et pour ceux qui marchent à sa suite, de se résigner à la moindre exclusion. Tous ! « A la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : c'est vraiment lui le grand prophète...

Mais Jésus savait qu'ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi ; alors de nouveau, il se retira, tout seul, dans la montagne. Mais la foule part à la recherche de Jésus. Alors Jésus leur parle d'une autre faim, d'un autre pain ; d'un pain qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. - « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. » - Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie, le pain qui est descendu du ciel. »

La réaction ne se fait pas attendre : « Cet homme-là n'est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. » Alors, comment peut-il dire : « Je suis descendu du ciel ? » C'est bien la question qui est au cœur du mystère chrétien : Jésus vrai homme peut-il être aussi vrai Dieu ?

Loin de mettre une sourdine à ses propos, Jésus les reprend avec une vigueur nouvelle : Il vient de Dieu, il a vu le Père. Prenant alors appui sur les promesses et les figures de l'Ancien Testament, Jésus proclame qu'elles trouvent en lui leur accomplissement. Le prophète Isaïe avait annoncé jadis que Dieu se donnerait à connaître à tout son peuple : « Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. » C'est maintenant, affirme Jésus, que s'accomplit cette promesse.

C'est maintenant leur dit-il, que le Père vous attire et vous appelle : mon enseignement est celui du Père. L'homme en qui vous ne voulez voir que le fils de Joseph est la révélation plénière de Dieu annoncée par les prophètes. Qui me voit voit le Père ! La manne, nourriture miraculeuse mais provisoire, n'avait pu garder de la mort la génération du désert. Jésus, lui, parce qu'il vient de Dieu, est vraiment le pain de la vie, celui qui donne la vie éternelle.

Mais comment croire à un pain qui défie la mort ? « Ils en étaient loin » note St Augustin, qui ajoute : « Ce pain de l'homme intérieur exige qu'on ait faim. »

En français, on dit parfois pour refuser des compromissions, des arrangements douteux ou des financements suspects : « Je ne mange pas de ce pain-là. » Le mot pain est le symbole de ce qui nourrit la vie et la fait grandir.

Quand il s'applique à Jésus, c'est pour nous proposer de partager sa manière de vivre. Pour les adversaires de Jésus, pas question de considérer comme descendu du ciel le fils du charpentier de Nazareth qui va vers les pêcheurs, les lépreux, les étrangers pour leur annoncer - en actes - l'universelle bonté de l'amour.

Rappelez-vous la rencontre de Jésus avec la Samaritaine. Les disciples ont été cherché de quoi manger au village d'à côté et ils disent à Jésus : « Rabbi, mange ! » Mais Jésus leur répondit : « J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. Ma nourriture c'est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. »

La nourriture de Jésus, c'était d'écouter, d'être accueillant à l'étrangère, à l'étranger, parler, fraterniser, aimer. Aimer, c'est une nourriture. Les amoureux nous disent d'ailleurs qu'on peut vivre d'amour et d'eau fraîche. Se nourrir de la présence l'un de l'autre. « Oui, donne-nous toujours, Seigneur, de ce pain-là. » Jésus va aller plus loin encore dans l'audace des symboles : « Le pain que je donnerai c'est ma chair. » Ce langage ne désigne pas une réalité biologique.

Le mot « chair » renvoie à la personne de Jésus, à ce qui fait sa vie, à sa passion, sa résurrection. « Prenez et mangez, je suis le Pain de la vie. »

Comme le prophète Élie dans la première lecture, nous pouvons ressentir la tentation de nous replier sous le buisson de nos amertumes et de nos déceptions. Quand on voit en nous et autour de nous combien le message évangélique a du mal à prendre racine !

Quand on regarde toutes les violences de notre monde ! Tentation, oui, de camper en marge du monde. Le Seigneur Jésus, qui a choisi de s'immerger dans la vie de ce monde ne peut pas nous laisser choisir l'évasion.

Alors comme l'ange autrefois pour Elie, il vient nous proposer du pain pour reprendre la route. Et ce pain nous est donné pour que le monde ait la vie. Cette vie qui fait disparaître tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insultes, ainsi que toute espèce de méchanceté. Cette vie pleine de générosité, de tendresse et de pardon, telle que l'apôtre Paul nous l'a décrite dans la 2ème lecture. Alors, mes amis, sommes-nous prêts pour cette grande randonnée jusqu'à la vie éternelle ?

Louis DURET, Prêtre du Diocèse de Chambéry

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