Avec le collectif Diakité, des bénévoles servent des repas aux migrants. / Chopin Jean Daniel/PHOTOPQR/SUD OUEST/MAXPPP

Avec le collectif Diakité, des bénévoles servent des repas aux migrants. / Chopin Jean Daniel/PHOTOPQR/SUD OUEST/MAXPPP

Des bénévoles se sont mobilisés spontanément pour apporter leur aide aux dizaines d’Africains qui transitent désormais chaque jour par la ville, en provenance d’Espagne

Bayonne (Pyrénées-Atlantiques)

Rachel s’est rapprochée du petit groupe à la nuit tombée, place des Basques, où se situe la gare routière de Bayonne aménagée en plein air. « J’ai une chambre libre chez moi, dit-elle. Je peux héberger une femme avec un enfant. » Nicolas lui demande de noter son nom et ses coordonnées sur un bout de papier. « Je vais les transmettre à notre commission hébergement », lui explique-t-il.

De plus en plus de migrants passent par le Pays basque

Tous deux sont Bayonnais et ne se connaissent pas. Elle a 45 ans et est responsable d’une agence de prospection par téléphone. Il est âgé de 32 ans, est serveur et est engagé dans « la gauche anti-capitaliste ». Ils ont fait le même constat : de plus en plus de jeunes Africains arrivent à Bayonne, conséquence du durcissement de la politique migratoire de l’Italie, qui pousse des candidats à l’exil à passer par l’Espagne et à franchir la frontière française au Pays basque.

La sous-préfecture des Pyrénées-Atlantiques est la première grande ville française sur leur route et des dizaines d’entre eux y convergent chaque jour pour prendre le bus et aller plus au nord. Quitte à attendre plusieurs heures, voire une nuit entière. « En tant que citoyenne, je ne me voyais pas rester inactive », reprend Rachel. « Il y a une augmentation exponentielle des propositions et on sort du réseau de militants qu’on connaît », commente Nicolas, devenu porte-parole de l’association Diakité.

« Tout est allé très vite »

Ce collectif s’est constitué il y a trois semaines et il a été baptisé du prénom d’un des premiers jeunes à avoir été pris en charge. Ses responsables s’efforcent de structurer une mobilisation spontanée de multiples citoyens soucieux d’apporter de l’aide à tous les exilés en transit par Bayonne. « Tout est allé très vite », témoigne la pasteur Nathalie Paquereau, dont le temple, tout proche de la gare routière, a ouvert ses portes mettre à l’abri des femmes et des mineurs.

Place des Basques, des bénévoles se relaient ainsi toute la journée jusqu’à quatre heures du matin, l’horaire du dernier bus, pour offrir une pause réconfortante dans une ambiance joyeuse : des repas sont servis, des boissons chaudes attendent dans des thermos, des vêtements sont collectés et distribués, une borne électrique est déployée pour recharger les téléphones. « On est très bien accueilli, on ne manque de rien », constate Ismaël, un jeune Guinéen coiffé d’un bonnet de ski. « On les remercie beaucoup », ajoute-t-il.

Éviter les tensions

À l’occasion, des étudiants en droit prodiguent des conseils juridiques. « On est dans une démarche de bienveillance et de protection, poursuit Nicolas. S’ils le souhaitent, on leur explique qu’on peut les accompagner dans leurs démarches pour rester ici. » Mais une grande partie de l’action consiste simplement à aider ces « voyageurs » à trouver une place dans un bus « Macron », ces lignes longue distance qui permettent de rallier Bordeaux ou Paris.

Ce soir-là, la conductrice est particulièrement chaleureuse. « Mais ce n’est pas toujours comme cela », assure Hamid. Cet habitant du quartier a été un des premiers à donner de son temps, dès le mois de juin, avant même la création de Diakité. Il insiste pour rappeler qu’il ne s’agit pas d’acheter des billets, mais seulement de réguler la situation devant les bus. « On reste dans la légalité, souligne-t-il. En agissant, on rend aussi service aux Bayonnais. On évite des débordements. »

Un « travail exceptionnel », selon le maire

Cette mobilisation est désormais soutenue par la municipalité, qui fournit des repas. « Ces bénévoles font un travail exceptionnel, mais j’ai peur qu’ils s’épuisent », commente Jean-René Etchegaray, maire UDI de Bayonne et président de la communauté d’agglomération, qui parle de « situation humanitaire d’urgence » et se rend régulièrement place des Basques. La collectivité doit mettre à disposition des migrants en transit un local chauffé à partir de lundi 29 octobre. À Bayonne, aussi, l’été indien est terminé.

Pascal Charrier

 

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