Les Chrétiens portent la Douceur et le Respect à la suite de Jésus
17 mai 2020Homélie du dimanche 17 mai 2020 lors de la messe pour les chrétiens d’Orient.
Studios du Jour du Seigneur à Paris XIIIème
Frères et sœurs,
L’espérance n’est pas simplement l’optimisme !
Dans sa première lettre, l’Apôtre Pierre nous invite à rendre compte de l’Espérance qui est en nous, avec respect et douceur. Durant cette période d’épidémie, certains d’entre nous sont plus ou moins pessimistes ou plus ou moins optimistes selon l’analyse objective qu’ils croient faire ou, plus souvent, selon leur tempérament. L’Espérance chrétienne est autre chose ; elle est un don de Dieu ; elle est l’assurance que le christ a saisi nos existences ; il est en nous ; il nous donne sa vie ; il nous aime de l’amour même du Père. Optimistes ou pessimistes, la force du Christ qui se déploie dans notre faiblesse nous permet de témoigner que la vie est plus forte que la mort, la lumière plus forte que les ténèbres, le bien plus puissant que le mal, dans un combat qui demeure cependant actif. L’Espérance permet, dans la détresse, de voir le sourire de Dieu.
Pierre nous demande de rendre compte de notre Espérance avec respect. Parfois les anciens trouvent que les plus jeunes ont un peu oublié la politesse… Mais le respect est d’un autre ordre ; il invite au regard vers l’autre avec estime, découvrant la richesse du cœur de chacun. Pourquoi, lorsque nous avons des convictions somme-nous tentés de les défendre avec mépris et agressivité ? Ni le mépris, ni l’agressivité ne sont en christianisme des signes de la profondeur et de la force des convictions.
Pierre, comme Paul, (2Tm 2,25) nous demande encore de rendre compte de notre espérance avec douceur. Quel chemin pour Pierre, si prompt à tirer l’épée lors de l’arrestation du Christ (Jn.18,10) ! Quel chemin pour Paul, l’ancien persécuteur qui approuve le meurtre d’Etienne et qui veut enchaîner les chrétiens de Damas ! La douceur est aussi un don de Dieu ; elle est une béatitude : « heureux les doux ils obtiendront la terre promise » ; avons-nous connu le bonheur d’être doux face à la violence du mal ?
Et ne voyons-nous pas que la violence se nourrit du désespoir des hommes ?
La douceur est encore une imitation du Christ : venez à moi vous tous qui peinez, car je suis doux et humble de cœur. Et le Christ ajoute : « si vous peinez sous le poids du fardeau, prenez sur vous mon joug, il est facile à porter et mon fardeau est léger », (Mt. 11,30), ce dont, je vous l’avoue, je n’ai pas toujours l’expérience… mais il faut peut-être une vie pour l’accepter.
Frères et sœurs, en ce sixième dimanche de Pâques nous sommes invités à prier pour et avec les chrétiens d’Orient qui eux aussi prient pour notre pays. Vous connaissez leur situation, aggravée par le coronavirus et le confinement. La situation est catastrophique en Irak, au Liban et en Syrie où la guerre n’est pas finie. Ici ou là, le DAESH reconstitue ses moyens de violence. Une crise alimentaire sans précédent sévit dans ces pays. Plus de quarante pour cent des citoyens libanais sont tombés en-dessous du seuil de pauvreté. Pourtant ces chrétiens veulent être artisans de paix. Ils nous donnent un magnifique témoignage de respect et de douceur avec lesquels ils rendent compte de leur espérance. Dans leurs écoles et dans leurs hôpitaux ils servent toute la population, chrétiens ou musulmans, riches ou pauvres. Leurs patriarches s’efforcent de faire avancer la citoyenneté et les droits de l’homme dans leurs pays. Permettez-moi de les citer, pour les recommander à votre prière : Le Patriarche Louis Raphaël Sako à Bagdad. Les Patriarches Bechara Raï, Grégoire Ghabroyan, Joseph Younan, au Liban, le Patriarche Joseph Absi à Damas, et enfin le Patriarche Ibrahim Sidrak en Egypte.
Oui les chrétiens d’Orient vivent parfois la béatitude des persécutés, mais aussi celle des doux. Je n’ai jamais entendu chez eux d’appels à la vengeance ; ils n’aspirent qu’à être libres et en paix avec leurs voisins dans leurs propres pays.
Leur exemple pourrait nous inspirer dans notre vie sociale, mais aussi dans nos familles, nos voisinages, nos communautés chrétiennes, entre prêtres aussi, savons-nous être doux et respectueux ? Avons-nous cette force ?
En tout cas l’Eglise qui chemine au milieu des peuples doit demander à l’Esprit Saint cette force, cette douceur, ce respect. Elle témoigne de son espérance en regardant le Christ, ou plutôt en se laissant regardée par Lui, et, comme Lui, en se mettant au service des hommes.
Mgr Pascal Gollnisch
Vicaire Général des Catholiques Orientaux en France