Vous avez dit -sacrifice- ?

Je vous partage cette réflexion de Bruno Saint Girons prêtre des Missions Etrangeres de Paris et curé de la paroisse de Gaillon (diocèse d'Evreux) après  la lecture du livre de frère John de Taizé sur le thème du sacrifice, réflexion particulièrement pertinente :

Though I find the use of the word “sacrifice” in Christian language often misleading, I found in the 2022 little book “In Defense of Sacrifice”, by Br John from Taizé, an enlightening approach. 

Bien que je trouve l'utilisation du mot « sacrifice » dans le langage chrétien souvent trompeuse, j'ai trouvé dans le petit livre de 2022 « En défense du sacrifice », du frère John de Taizé, une approche éclairante (je l’ai lu en anglais mais il existe en français). 

Br John explains that the word "sacrifice" in the Bible is not about doing something we don't like to do (e.g. to appease an angry deity) but about giving. 
With 2 different meanings, linked to joy (see Ps 54:6) and not suffering:
- expressing our gratitude to God for what he has given us (creation, liberation..). 
- expressing our desire for a reconciliation with God or a community. This God whose basic identity is "hesed" (Ex 34:6), i.e. is eager to enter into a relationship with others. 

Le frère John explique que le mot "sacrifice" dans la Bible ne signifie pas faire quelque chose que nous n'aimons pas faire (pour apaiser une divinité en colère par exemple) mais donner. Avec 2 sens différents, liés à la joie (voir Ps 54,6) et non à la souffrance : 
- exprimer notre reconnaissance à Dieu pour ce qu'il nous a donné (création, libération..). 
- exprimer notre désir de réconciliation avec Dieu ou une communauté. Ce Dieu dont l'identité de base est "hesed" (Ex 34,6), c'est-à-dire désireux d'entrer en relation avec les autres.

2 other biblical notions are often misunderstood :
- Offering one's life so as to bring more love, even if it leads us to be like the Suffering Servant (Is 53 & Jr 11:19), can only be called a sacrifice in a metaphoric way, since human sacrifices were absolutely forbidden in Israel. 
- The scapegoat in Lv 16 is not to be understood as the modern "scapegoat": a common enemy falsely targeted (through projecting our own imperfections unto them) so as to create unity in a group. Rather, it was a goat symbolising the sins of the people that they wish to leave behind. A second goat, symbolising the best of the nation, was symbolically offered to God. Only the second goat was considered a sacrifice (gift), and of course neither were killed. 

2 autres notions bibliques sont souvent mal comprises : 
- Offrir sa vie pour apporter plus d'amour, même si cela nous conduit à ressembler au Serviteur Souffrant (Is 53 & Jr 11,19), ne peut s'appeler sacrifice que de manière métaphorique, puisque les sacrifices humains étaient absolument interdits en Israël. 
- Le bouc émissaire de Lv 16 ne doit pas être compris comme le « bouc émissaire » moderne : un ennemi commun faussement ciblé (en projetant sur lui nos propres imperfections) afin de créer l'unité dans un groupe. C'était plutôt un bouc symbolisant les péchés du peuple qu'il souhaitait laisser derrière lui. Un deuxième bouc, symbolisant le meilleur de la nation, était symboliquement offert à Dieu. Seul le deuxième bouc était considérée comme un sacrifice (cadeau), et bien sûr aucun n'était tué.

Since Jesus died in a way unthinkable for Jewish believers then, some biblical writings (e.g. Heb) did use the category of sacrifice, but to show that Jesus perfects the understanding of sacrifice that was so far imperfectly understood. Not a violent sacrifice where Jesus' life would be about committing suicide (which would be a perversion of Christianity). But doing God's will, i.e. communicating his love to human beings through the whole of his existence and “ultimately by going to Jerusalem to witness to that love at the very center of the nation, even if, by so doing, he signed his death warrant.”

Puisque Jésus est mort d'une manière impensable pour les croyants juifs de l’époque, certains écrits bibliques (par exemple Heb) ont utilisé la catégorie de sacrifice, mais pour montrer que Jésus perfectionne la compréhension du sacrifice qui était jusqu'à présent imparfaitement comprise. Pas un sacrifice violent où la vie de Jésus consisterait à se suicider (ce qui serait une perversion du christianisme). Mais faire la volonté de Dieu, c'est-à-dire communiquer son amour aux êtres humains tout au long de son existence et « enfin en se rendant à Jérusalem pour témoigner de cet amour au cœur même de la nation, même si, ce faisant, il signait son arrêt de mort. »

In the line of Jesus, the Christian sacrifice (see 1P 2:5 & Rm 12:1-2) is not a ritual performed in a holy place but a way of life: neither acts of self-punishment nor ascetical practices to please a sadistic god but the attempt to discern God's will and live a life of love (which implies a conversion: saying no to evil), leading to joy (see Jn 15:11-13).

Dans la lignée de Jésus, le sacrifice chrétien (cf. 1P 2,5 & Rm 12,1-2) n'est pas un rituel accompli dans un lieu saint mais un mode de vie : ni actes d'autopunition ni pratiques ascétiques pour plaire à un dieu sadique mais la tentative de discerner la volonté de Dieu et de vivre une vie d'amour (ce qui implique une conversion : dire non au mal), qui conduit à la joie (cf. Jn 15, 11-13).

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