John Theodor | Shutterstock

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 1, 12-15. 

« Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert 
et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. 
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; 
il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

 

Homélie

En un seul verset, Saint Marc présente un renversement saisissant pour Jésus : On le voit tenté dans le désert et, juste après, on le voit radieux dans un univers d’harmonie. Exactement le contraire d’Adam et Eve, heureux au jardin d’Eden et qui se retrouvent tout d’un coup dans une nature agressive. Toute la Bible est là, et toute l’histoire de l’humanité aussi, en ces quelques mots porteurs d’une immense espérance : Jésus dans le désert, tenté par Satan ; puis, devançant le matin de Pâques, Jésus vivant en paix avec les animaux sauvages. Jésus, lui, le Dieu qui se fait homme, retourne la situation.

On est loin des conceptions infantiles de la tentation. Ici elle est sérieuse ! Elle porte sur la confiance en Dieu. Impossible d’échapper à la question. Comme disait un militaire en traversant le Neguev : “Ici ce ne serait pas facile de se camoufler.” Au désert, impossible de se camoufler ! La Parole de Dieu nous rejoint dans le silence, sans être brouillée par tout plein de parasites. Non le paradis n’est pas perdu – “Ah ! De mon temps !” – Non ! Il est devant, à chercher avec Jésus dans la confiance et à recevoir de l’Esprit.

Pour nous aider, le carême propose 3 pratiques : jeûner, prier, faire l’aumône (partager).

- Le jeûne. Il est fait pour aider à revenir à l’essentiel, pour aider à purifier nos désirs. Dans un livre de Clive Lewis, L’autobus du Paradis, il est question de l’enfer où tous les désirs sont apparemment satisfaits. L’un veut une voiture, l’autre une maison, ils reçoivent aussitôt une voiture et une maison… mais comme leur désir n’était pas de bonne qualité, la voiture est rouillée et il pleut dans la maison. Jeûner c’est quitter tout ce qui nous écarte de nos vrais désirs et de Dieu. Jeûner c’est donc retrouver l’essentiel, c’est se retrouver. C’est un retournement.

- La prière : prier consiste à donner à Dieu toute sa place, à reconnaître notre humanité et donc nos limites. La société est pressée. Vous, prenez le temps ! Retournement.

La prière est un temps gratuit. Elle est, disait le père Lintanf, un entretien aux 3 sens du terme :

- un entretien avec Dieu… on parle à Dieu et on écoute sa réponse.

- un entretien de ma vie, comme j’entretiens ma voiture. J’entretiens ma vie pour que l’évangile y reste en état de marche.

- le 3° sens, c’est qu’en priant ensemble, on s’entre-tient les uns les autres, on se soutient.

- L’aumône : partager, c’est reconnaître que nous ne sommes pas seuls au monde, c’est reconnaître l’importance de notre prochain. Nous avons besoin les uns des autres. Alors donnons de ce que nous avons, pas forcément de l’argent. Donnons du courage, de la joie, donnons à manger, donnons la parole à ceux que l’on fait taire. Savez-vous que le meilleur placement, c’est le partage. Mais chut… Les banques ne le savent pas encore.

Retournement. Conversion dont je rappelle que le mot, pour le skieur, veut dire : demi-tour.

À Noé et ses successeurs, (1ère lecture) Dieu dit : “Je mets mon arc au milieu des nuages.” Le monde croit souvent que la violence est le moyen de régler les problèmes, le monde joue avec la stabilité de la nature et de ses lois. Alors il est urgent de se rappeler ce Dieu qui a conclu une alliance de paix avec ses créatures ? Cet arc que Dieu accroche dans le ciel, savez-vous que ce n’est pas seulement un joli arc-en-ciel aux mille couleurs, c’est aussi l’arc d’un combattant, un arc qui a été raccroché (il ne va plus servir). Dans le contexte du déluge, Dieu “suspend sa colère. On le croyait Dieu violent, on a tout faux. Son arc devient signe de paix, comme la colombe et son rameau d’olivier. Oui, Dieu refuse la violence pour régler notre histoire. Et ils sont dans l’erreur ceux qui s’appuient sur lui pour partir dans n’importe quelle croisade.

Et cet arc signifie aussi alliance. C’est l’arc d’un Dieu prêt à s’engager, avec les humains, prêt à leur donner sa joie dès qu’ils s’entraident pour protéger leur terre, pour défendre les petits et les malheureux. C’est le moment de vérifier quelle confiance nous avons en notre Dieu ?

Robert Tireau, Prêtre du Diocèse de Rennes

1949-2022

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