FoiAthées

 

Hier au soir à « l’Espace Nètreville » à  Evreux, en présence des équipes de la Mission de France d’Evreux, des responsables du Diocèse et de nombreux amis,  Dominique Fontaine (vicaire général de la Mission de France) nous a conduit sur ce chemin qu’il a lui-même emprunté avec ses amis non croyants, un chemin d’humilité, de dialogue, de respect et de reconnaissance mutuelle. La religion a pour vocation la « relation » ! Au lieu de dire, comme nous le faisons souvent, « prendre les gens là où ils ‘en’ sont » (comme si nous étions meilleurs qu’eux), il s’agit de « prendre les gens là où ils sont » (c’est à dire avec tout ce qui fait leur vie, leur histoire, leur héritage..) et la nuance est de taille !

Le langage de nos liturgies, le langage dans lequel nous exprimons notre foi sont la plupart du temps incompréhensibles pour des personnes qui ne sont pas du sérail. Les Editions de l’Atelier ont passé commande à Dominique d’un livre pour présenter la foi à des non croyants. Plutôt que d’écrire un livre à partir de rien, Dominique s’est appuyé sur l’amitié et le dialogue avec Thierry, ce conseiller municipal communiste d’Ivry  sur Seine, ville dont Dominique a été le pasteur durant 12 années, ville qui est également celle de Madeleine Delbrel qui y a encore aujourd’hui un profond rayonnement y compris auprès des incroyants.

C’est ensemble qu’ils ont écrit ce livre. Ils se sont rencontrés une soirée par mois durant dix huit mois environ. Au début seuls les adultes (Thierry, sa femme Sandrine et Dominique se parlaient) puis peu à peu les trois enfants se sont impliqués. Dominique ne prenait pas de notes, mais en rentrant chez lui, tard dans la nuit, il écrivait ce qu’il avait entendu. La fois suivante il se faisait relire et corriger par ses amis. C’est une véritable « profession de foi » écrite pour et avec des amis athées !

Parmi les perles que nous a offertes Dominique hier au soir, je vous en livre quelques unes :

Jésus guérissait dans l’Evangile mais jamais il n’a dit : « Je t’ai guéri » ou bien « Dieu t’a guéri » mais il disait « Va, ta Foi t’a sauvé ». Et dans ce mot foi il ne s’agit pas d’abord de foi en un dieu, mais de « force de vie », « d’élan de vie » qui nous fait dépasser nos peurs et sortir de nos prisons. La « foi » c’est cette force que nos amis incroyants sont capables de reconnaître en eux.

Parmi toutes les paroles à peu près inaccessibles de notre langage de foi il y a celle-ci : « Dieu tout puissant ». Ce sont les mots du « Je crois en Dieu ». Un jour j’ai demandé à des jeunes de mettre l’expression « tout puissant » en forme négative. Ils ont bien vite répondu « impuissant ». Je leur ai demandé ce qu’impuissant voulait dire. Ils m’ont dit « l’homme qui ne peut pas avoir d’enfant », celui qui ne peut pas « pro-créer » !

Et si « Tout Puissant » voulait dire « Créateur ». D’ailleurs dans le Credo cette formule apparaît justement entre les mots « Père » (qui veut dire « Amour ») et « Créateur » (qui donne la Vie). Elle ne peut donc avoir son sens que dans cette logique de l’Amour et de la Création.

Parmi bien d’autres perles j’en ajoute une dernière.

Un jour avec les enfants du caté qui se préparaient à leur première communion, voyant qu’ils n’avaient toujours pas compris ce qu’était l’Eucharistie, la catéchiste dépitée interroge une nouvelle fois les enfants : « qu’est ce que l’Eucharistie ? »

Un garçon lève la main et dit : « Jésus prit son Corps et en fit du Pain », magnifique lapsus pour dire « Jésus prit du Pain et en fit son Corps ». A l’écoute de la parole de cet enfant j’ai découvert le sens profond de l’Eucharistie : «  en se donnant à nous, en offrant sa vie, Jésus fait de son Corps notre Pain, c'est-à-dire notre nourriture » !

Les mots d’enfants, comme les mots de nos amis incroyants nous surprennent vraiment ! Ils nous conduisent même à redécouvrir notre propre foi !

 

Le livre aux Editions de l’Atelier

 

 

Retour à l'accueil