Evangile du dimanche 15 septembre 2013 « La brebis égarée »
14 sept. 2013
« La brebis égarée »
LUC 15,1-15
« Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : "Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux!"Alors Jésus leur dit cette parabole : Si l'un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il l'ait retrouvée?"'Quand il l'a retrouvée, tout joyeux, il la prend sur ses épaules et, de retour chez lui, il réunit ses amis et ses voisins; il leur dit: "Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue". Je vous le dis: c'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion. [...] De même, je vous le dis: il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »
« Tu as du prix à mes yeux »
Au départ, deux groupes d'auditeurs. Le premier associe publicains et pécheurs : eux reçoivent positivement la parole de Jésus. Curieuse association d'ailleurs : être pécheur aurait-il quelque chose à voir avec une place sociale? Le second groupe murmure contre Jésus pour regretter la relation qu'il a avec les gens de mauvaise vie tant il entretient une hospitalité réciproque avec eux. S'il les accueille, il se laisse aussi accueillir par eux au point de partager leur table. La parabole de la brebis perdue semble être adressée aux murmurants. Que dit-elle ? Un propriétaire de troupeau n’est jamais à l'abri de la perte : il peut être amputé de tout ou partie de son avoir. Ici cela lui est insupportable : il part, il quitte sa possession pour chercher la part manquante. Il passe donc de l'avoir au manque, puis à la quête. Peut-être est-il lui-même un peu perdu ! En tout cas, il doit vivre un temps d'errance, d'incertitude, jusqu'à ce qu'il atteigne son but : retrouver l'égarée. La parabole ne dit pas comment les retrouvailles se firent : elles ont eu lieu et elles ont conduit à la transformation du propriétaire. Tout d'abord, il ne possède plus de la même façon : il prend la brebis sur son corps, éprouve pour elle de l'affection. Car la brebis a changé de statut. Elle n'est plus une tête de bétail anonyme, semblable à n'importe quelle autre, prise dans une série homogène. Elle est reconnue comme unique : elle est « celle qui était perdue ». Le possesseur est aussi intérieurement transformé : le voilà joyeux. S'il continue à vivre en société là où il était auparavant, il veut maintenant transmettre sa joie à tout son entourage. C'est que la joie a une nature contagieuse, donc sociale. Pour Jésus, cette heureuse transformation réfracte sur la terre ce qui se passe sur une autre scène, celle du ciel, quand surviennent des événements comparables. Qu'un seul pécheur se transforme et c'est joie pour Dieu et ses anges. Ce ne sont pas les justes, ceux qui n'ont pas besoin de changer, qui peuvent provoquer un tel bonheur, mais celui qui a fait le passage à une vie bonne. Même le nombre ne compte pas : si le ciel se réjouit de la grande quantité des justes, il le fait encore davantage pour qui a retrouvé la voie vers une vie autre. Dieu est patient : il ne cesse d'attendre la mue du pécheur. Ainsi, pour tout pécheur une relation unique, intime et joyeuse avec Dieu demeure possible. Dieu est têtu : il n'abandonne jamais l'espoir des retrouvailles. Il n'y a donc pas d'homme ou de femme condamnés. Il n'y a personne qui soit jugeable infréquentable à jamais. C'est la joie de cette communication toujours offerte que vivent avec Jésus les mal-considérés. Ce qui attise cette joie est la reconnaissance intime que Jésus porte sur chacun: il entre dans leur maison. Pour lui, toute personne est importante : si elle est prise dans une communion humaine, elle n'en demeure pas moins unique, avec son visage à nul autre pareil. Et Jésus ne se contente pas de nous dévisager: il nous envisage.
Jean-Yves BAZIOU
Témoignage Chrétien
N °3553 DU 12 SEPTEMBRE 2013