St Marc : paraboles de la semence par chretiensmedia49

 

Les paraboles sont des récits à comprendre de deux manières. Au premier niveau, tous peuvent comprendre : Jésus emploie des mots et des images concrètes, simples, à la portée de la foule. Tous sont invités à la réflexion : à s'étonner devant les mystères de la vie, devant ce dynamisme incessant qui fait que les semences germent et grandissent que nous dormions ou que nous nous levions, devant ce miracle que d'une semence toute petite puisse germer et grandir une plante sans commune mesure avec elle.

 

A ce premier niveau, les paraboles sont une théologie de la création : elles sont pleines de sagesse et toujours actuelles. L'homme moderne, pragmatique et efficace, en arrive un peu à oublier que la vie vient de plus loin que lui. Il ne se perçoit plus guère comme faisant partie de la nature, du monde des vivants, soumis aux mêmes lois que les végétaux, les animaux. Il la perçoit comme un objet ou un décor extérieurs à lui, qu'il peut exploiter, transformer et utiliser à sa guise, dans une perspective productiviste de rentabilité. Il oublie qu'elle est un trésor à lui confié, dont il n'est que gérant éphémère et si elle périt, il périra lui aussi. Les mirages de toute-puissance, de productivité sans limite peuvent lui appauvrir l'esprit, le conduire à désapprendre la plus élémentaire sagesse et à faire ainsi son propre malheur.

 

Mais les paraboles de Jésus sont à comprendre surtout à un second niveau, celui de la foi. Les disciples de Jésus doivent les comprendre, comme s'il s'agissait d'un secret que seuls les intimes peuvent comprendre, d'un appel à la conversion du regard et du cœur. Jésus dévoile à ses disciples et leur explique en particulier des choses essentielles qui concernent la connaissance et l'amour de Dieu. Elles ne se transmettent pas forcément en public à force de démonstrations, d'explications mais sous le mode de la confidence. Chacun est appelé librement à en saisir le message. Parler de Dieu et de la foi en parabole, c'est justement consentir à ce que son règne germe et grandisse dans le secret des cœurs et des consciences, à l'insu des bruits et des fureurs du monde, comme la semence jetée en terre et la graine de moutarde.

 

C'est là une leçon toujours à retenir pour l'Eglise du Christ, parfois trop empressée de proclamer en public tous ses secrets, de convaincre et de prouver. Ses discours sont souvent abstraits, explicatifs et elle est peu encline à cultiver l'art de la parabole, à trouver les mots simples et concrets qui peuvent toucher le cœur. Les paraboles de ce dimanche nous parlent particulièrement aujourd'hui. Nous nous culpabilisons facilement et nous plaignons de n'être qu'un petit nombre, un petit reste, une modeste semence. Nous nous attachons bien plus à pleurer notre mort qu'à croire que "la plus petite de toutes les semences du monde puisse un jour grandir et dépasser les plantes potagères, étendre ses longues branches si bien que les oiseaux du ciel fassent leur nid à son ombre".

 

Quand Jésus parle de graine et de semence. Il nous faut comprendre avant tout qu'il est lui-même le semeur du Royaume de Dieu, et en même temps la graine semée par le Père. Les longues branches de l'arbre de sa croix ouvrent les portes du Royaume à tous les peuples de la terre. La mission de l'Eglise est de faire signe de lui, d'être semence de paix, de justice et d'amour au milieu de tous les peuples de la terre. Sa mission n'est pas de faire signe d'elle-même, de se préoccuper uniquement de ses problèmes internes, mais d'accorder toute sa confiance à celui qui lui a donné naissance et dont l'Esprit est à l'œuvre de jour comme de nuit. Enfouie en terre, enracinée en plein cœur du monde et de la vie des hommes, l'Eglise fait signe du Royaume de Dieu qu'elle n'est pas. Un Royaume qui germe et grandit en elle et par elle. Un Royaume sans commune mesure avec ce qu'elle est. Un arbre aux longues branches verdoyantes, destiné un jour à rassembler et abriter tous les oiseaux du ciel, et donc aussi tous les peuples de la terre.

 

Michel Scouarnec

 

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