Exposition à la Louvesc « Pierre Ganne » du 16 juin au 31 août 2012
09 août 2012
Je vous recommande une exposition et des conférences sur Pierre Ganne, Jésuite et « prophète pour notre temps », actuellement à La Louvesc (Ardèche) et jusqu’au 31 août 2012
Exposition à la Louvesc « Pierre Ganne » du 16 juin au 31 août 2012
“Il faudrait toujours témoigner pour la liberté,
la libération
authentique,
celle qui
vient d’en-haut et qui libère non seulement l’homme économique des chaînes extérieures,
mais aussi
l’homme spirituel des servitudes intérieures,
qui sont
l’origine secrète de toutes les déraisons
et de toutes
les tyrannies.”
Pierre Ganne en 1945
Pierre GANNE 1904-1979 : Quelques repères
Pierre Ganne est né à Clermont-Ferrand le 31 mai 1904. Il est le dernier de 3 garçons. Son père travaille chez Michelin. Il va d’abord à l’école laïque. Son père meurt en 1913, il a 9 ans. Il entre alors à la Maîtrise de la cathédrale et au petit séminaire. Puis, c’est le grand séminaire pour cinq ans (philo et théologie). En 1925 il est envoyé en Syrie pour son service militaire. Il y découvre les jésuites et au retour, il entre à la Compagnie de Jésus, à Saint-Egrève, près de Grenoble. Etudes ensuite à Yzeure et Jersey.
En 1932-34, il est professeur de philosophie à Alger au collège Notre-Dame d’Afrique. Il revient ensuite à Lyon, au scolasticat des jésuites à Fourvière, pour deux années d’études théologiques. Il est ordonné prêtre en 1935. Retour ensuite à Alger pour deux années scolaires comme professeur de philosophie.
En 1939-40, il est mobilisé. A l’automne 40, il rejoint Henri de Lubac comme enseignant aux Facultés catholiques de Lyon, tout en assurant parfois des cours à Fourvière. Mais il s’engage aussi dans la Résistance spirituelle et organisée. Il s’oppose début 1941, dans la revue Esprit, à Jacques Chevalier, secrétaire général de l’Instruction publique à Vichy ; il participe activement, avec le Père Chaillet et d’autres, au lancement, à la rédaction et à la diffusion des Cahiers du Témoignage chrétien clandestins ; il est engagé dans deux réseaux, l’un à Lyon pour cacher des enfants juifs (Amitié chrétienne), l’autre à Paris, pour faire du renseignement. Par deux fois il échappe à l’arrestation par la Gestapo. Il doit fuir en novembre 1943, rejoindre Alger par l’Espagne, et remettre à de Gaulle des micro-films. Après plusieurs mois de péripéties, il arrive à Alger. Il a plusieurs entretiens importants avec de Gaulle.
Il revient à Lyon au printemps 1945 et reprend son poste aux Facultés catholiques, résidant à Fourvière. Mais à côté, comme déjà à Alger, il donne de nombreuses conférences ou sessions à des groupes qui le demandent : groupes de prêtres et de laïcs, groupes de militants ouvriers, souvent marxistes,…
En 1949 commence une série de dénonciations anonymes, qui se répèteront jusqu’en 1962, auprès des évêques de la région : celui de Gap, puis ceux de Grenoble, Lyon, Besançon et même Alger. La hiérarchie suit les délateurs et ne donnera jamais la parole à l’accusé pour se défendre.
En mai-juin 1950, survient la fameuse purge des théologiens jésuites de Fourvière. Sous la pression du Vatican, le Général de la Compagnie interdit d’enseignement, à Fourvière comme aux Facultés catholiques, les Pères Emile Delaye, Henri de Lubac, Henri Bouillard, Alexandre Durand, ainsi que Pierre Ganne. Il s’incline quant au sort qu’on lui fait, mais refuse avec «horreur», écrit-il, au nom de la foi, «l’obéissance aveugle» qui lui est demandée. Et il décide de travailler encore plus fermement pour le renouveau de la foi.
En 1951, le Père Ganne est envoyé à Saint-Egrève, à la maison de retraites spirituelles. Au cours des années suivantes, il ne cède pas non plus et soutient les chrétiens progressistes, les prêtres ouvriers, la revue La Quinzaine ,…
A la Villa Saint Hugues à Saint-Egrève, puis à Biviers, près de Grenoble, à partir de 1962, il trouve une autre issue à sa vocation. Il met sa prodigieuse culture, son expérience de foi et son travail théologique novateur à la disposition de tous ceux qui le lui demandent : prêtres, religieux, laïcs, où qu’ils soient. Il se déplace beaucoup, dans la région et ailleurs en France, ainsi qu’en Suisse, en Belgique,… et jusqu’au Brésil.
Creusant toujours la lecture de la Bible – des prophètes en particulier – et les mystères de la foi chrétienne, dans l’espoir que ses auditeurs accèdent à la vigueur et à la critique d’une foi vraiment libératrice, il aborde toutes les questions dont il sent qu’elles font ou feront difficulté: la foi comme liberté, le travail, le marxisme, l’exigence de laïcité, les libérations humaines, l’athéisme, les rapports entre foi et politique, entre foi et histoire, entre foi et sciences, le structuralisme, la crise de l’Eglise, l’espérance, la foi comme sortie du sacré, etc, et encore et toujours la liberté dans le don de l’Esprit Saint.
A mille lieues de tout moralisme, il déblaye le terrain des fausses questions ou des pièges pour le jugement et laisse ensuite chacun prendre ses responsabilités en adulte. A chacun de se déterminer, dans la liberté de la relation de foi au Christ, à la Parole libératrice de Dieu.
Il meurt à Biviers, discrètement dans sa chambre, le 15 août 1979, fête de l’Assomption, à l’âge de 75 ans.