La Parole des pauvres au cœur de Diaconia
25 janv. 2013
« Nous sommes tous appelés à nous mettre au service les uns des autres. »
Lancée en 2011, la démarche Diaconia invite tous les chrétiens à se mettre au service de la fraternité parce que celle-ci ne concerne pas seulement les associations spécialisées. Elle propose aux communautés chrétiennes de donner toute leur place aux plus fragiles dans l’Eglise et plus largement dans la société. Et, comme l’explique Daniel Maciel, diacre et un des coordinateurs de la démarche : « On ne pouvait imaginer préparer cette démarche autour de la question du service et de la pauvreté sans y associer directement les plus pauvres. » Pour les mettre directement au cœur de la démarche, le groupe Place et Parole des pauvres a été créé. Une première réunion du groupe, dès novembre 2010, permet d’abord de préciser ce qu’attendent de Diaconia les personnes en situation de précarité : «Nous voulons travailler ensemble pour trouver un langage compréhensible à tous. Aussi bien pour ceux qui participent à la messe dans l’église que pour ceux qui font la manche devant. C’est important qu’on puisse dire les choses avec nos mots à nous, on n’est pas tous instruits. » Il en ressort aussi leur volonté de participer concrètement à la vie de l’Eglise et d’apporter quelque chose à l’autre, comme l’explique l’une d’entre elles : « Mon rêve par rapport à l’Eglise ? Qu’il y ait une très grande entraide, un jour c’est l’une qui donne, un jour c’est l’autre. J’aimerais aussi que lorsqu’on aide quelqu’un qui en a besoin, on puisse lui demander quelque chose. »
Écouter les pauvres est important mais l’enjeu, au-delà de cette écoute, est de permettre à chacun de trouver sa place dans nos communautés et dans la société et ce quel que soit son parcours de vie. Et comme le rappelle Patrice Sauvage, animateur du comité de suivi théologique de Diaconia « Aider les personnes n’est pas une conséquence de la Foi, le fait d’apprendre à recevoir d’eux, d’ être dans une écoute, constitue un chemin de foi en tant que tel. » Et il faut donc appeler les chrétiens, et plus largement la société, à une relation de réciprocité dans nos rapports avec les plus fragiles pour ne pas faire pour l’autre mais avec l’autre, comme l’explique encore Daniel Maciel « Cette dimension de réciprocité dit que nous sommes tous appelés à nous mettre au service les uns des mitres à la suite du Christ » Pour faire émerger la parole des plus pauvres, des groupes comme celui de Diaconia sont essentiels. Il faut créer des espaces où elle se construit. Ces espaces donnent une visibilité et permettent de changer de regard sur ces personnes, de créer les conditions d’une fraternité sans condescendance. Plusieurs groupes de ce type existent déjà en France mais sûrement pas assez. L’une des espérances du groupe Place et Parole des pauvres est que dans chaque diocèse, il y ait au moins un groupe comme celui-ci pour que les plus fragiles puissent être entendus et reconnus. Parce que, comme dit une personne du groupe « La Fraternité, ce n’est pas seulement voir les pauvres comme des gens qui manquent et qui ont besoin d’être aidés mais comme des personnes qui ont des richesses à partager. »
Hélène PINAZO CANALES pour Diaconia
Témoignage Chrétien n° 3524 du 24 janvier 2013