« L'Eglise a besoin de votre courage et de votre compassion »
22 févr. 2014Un Consistoire ordinaire public présidé par le Pape François pour la création de 19 nouveaux cardinaux s'est déroulé ce samedi matin en la Basilique Saint-Pierre, en présence du Pape émérite Benoît XVI. L'un des nouveaux cardinaux, l’ancien secrétaire de Jean XXIII, Loris Capovilla, était absent à cause de son grand âge. Une cérémonie sera organisée le 1er mars prochain à Sotto il Monte, une église très symbolique puisque le « bon Pape » en posa la première pierre. Dans la basilique, étaient présentes les délégations officielles évidemment des 15 nations d’origine des cardinaux, en présence notamment des présidents du Brésil et d’Haïti, Dilma Rousseff et Michel Martelly.
Durant la cérémonie, chaque nouveau cardinal s'est approché du pape, s'agenouillant devant lui pour recevoir la barrette (coiffe rouge à quatre bords), l'anneau cardinalice et son titre, chaque nouvel élu recevant en effet symboliquement la charge d'une des centaines d'églises de l'agglomération romaine. De Ouagadougou, d'Abidjan, des Cayes en Haïti, de Cotabato aux Philippines, de Managua, de Castries (Sainte-Lucie) aux Antilles, de Pérouse au centre de l'Italie, plusieurs des nouveaux cardinaux sont venus de villes des « périphéries », comme aime à le définir le pape François.
Seize nouveaux électeurs (moins de 80 ans, en cas de Conclave) entrent au Sacré collège, et trois autres sont des nouveaux cardinaux émérites sans droit de vote, à l'issue de ce premier consistoire du pape François, élu le 13 mars dernier.
Le Pape François avait auparavant tenu une très belle homélie sur la mission des cardinaux. En voici le texte intégral en français:
« Jésus marchait devant eux… » (Mc 10,32).
Jésus marche devant nous aussi, en ce moment. Il est toujours devant nous. Il nous précède et nous ouvre la voie… Et c’est notre confiance et notre joie : être ses disciples, demeurer avec lui, marcher derrière lui, le suivre…
Quand nous avons célébré ensemble la première Messe dans la Chapelle Sixtine, « marcher » a été la première parole que le Seigneur nous a proposée : marcher, et ensuite construire et confesser.
Aujourd’hui cette parole revient, mais comme un acte, comme l’action de Jésus qui continue : « Jésus marchait… ». Cela nous frappe dans les Évangiles : Jésus marche beaucoup, il instruit les siens au long du chemin. C’est important. Jésus n’est pas venu pour enseigner une philosophie, une idéologie… mais une « voie », une route à parcourir avec lui, et la route s’apprend en la faisant, en marchant. Oui, chers Frères, voilà notre joie : marcher avec Jésus.
Mais ce n’est pas facile, ce n’est pas confortable, parce que la route que Jésus choisit est celle de la Croix. Alors qu’ils sont en chemin, il parle à ses disciples de ce qui va arriver à Jérusalem : il annonce sa passion, sa mort et sa résurrection. Alors ils sont « stupéfaits » et « remplis de crainte ». Stupéfaits, bien sûr, parce que, pour eux, monter à Jérusalem voulait dire participer au triomphe du Messie, à sa victoire – on le voit ensuite dans la demande de Jacques et de Jean ; et remplis de crainte pour ce que Jésus allait devoir subir, et aussi pour ce que eux risquaient de subir.
A la différence des disciples d’alors, nous savons que Jésus a vaincu, et nous ne devrions pas avoir peur de la Croix ; bien plus, dans la Croix nous avons notre espérance. Cependant, nous sommes nous aussi humains, pécheurs, et nous sommes exposés à la tentation de penser à la manière des hommes et non de Dieu.
Et quand on pense à la manière du monde, quel est la conséquence ? « Les dix autres se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean » (v. 41). Ils s’indignent. Si la mentalité du monde prend le dessus, surgissent les rivalités, les jalousies, les factions …
Alors, cette parole que le Seigneur nous adresse aujourd’hui est très salutaire ! Elle nous purifie intérieurement, elle fait la lumière dans nos consciences, elle nous aide à nous mettre pleinement en accord avec Jésus, et à le faire ensemble, au moment où le Collège des Cardinaux s’agrandit par l’entrée de nouveaux membres.
« Jésus les appela près de lui… » (Mc 10,42). Voici l’autre geste du Seigneur. Le long du chemin, il se rend compte qu’il y a besoin de parler aux douze, il s’arrête et les appelle à lui. Frères, laissons le Seigneur Jésus nous appeler à lui ! Laissons-nous convoquer par lui. Et écoutons-le, dans la joie d’accueillir ensemble sa Parole, de nous laisser instruire par elle et par le Saint Esprit, pour devenir toujours plus un seul cœur et une seule âme, autour de lui.
Et alors que nous sommes ainsi convoqués, « appelés près de lui » par notre unique Maître, moi aussi je vous dis ce dont l’Église a besoin : elle a besoin de vous, de votre collaboration, et plus encore de votre communion, communion avec moi et entre vous. L’Église a besoin de votre courage, pour annoncer l’Évangile en toute occasion, opportune ou inopportune, et pour rendre témoignage à la vérité.
L’Église a besoin de votre prière pour le bon cheminement du troupeau du Christ, la prière qui, avec l’annonce de la Parole, est la première tâche de l’Évêque. L’Église a besoin de votre compassion surtout en ce moment de douleur et de souffrance dans de nombreux pays du monde. Nous voulons exprimer notre proximité spirituelle à toutes les communautés ecclésiales et à tous les chrétiens qui souffrent de discriminations et de persécutions. L’Église a besoin de notre prière pour eux, afin qu’ils soient forts dans la foi et qu’ils sachent réagir au mal par le bien. Et notre prière s’étend à tout homme et à toute femme qui subit l’injustice à cause de ses convictions religieuses.
L’Église a besoin de nous aussi pour que nous soyons des hommes de paix et fassions la paix par nos œuvres, nos désirs, nos prières : pour cela invoquons la paix et la réconciliation pour les peuples qui en ces temps sont éprouvés par la violence et par la guerre.
Merci, Frères très chers ! Marchons ensemble derrière le Seigneur, et laissons-nous toujours davantage convoquer par lui, au milieu du peuple fidèle, de la sainte Mère Église.