Vernon : Les différentes communautés religieuses ont partagé ce dimanche un moment de convivialité
12 janv. 2016Une femme voilée, son époux et leurs trois enfants pénètrent discrètement dans la collégiale Notre-Dame de Vernon. Accueillie par des sourires, la famille décide de s’avancer et finit par s’installer au deuxième rang. Autour d’elle, une centaine de personnes, certaines de confession catholique, d’autres de confession musulmane. Cette image symbolique, de deux communautés côte à côte, a bien existé ce dimanche 10 janvier à Vernon. Pour réunir ces citoyens au-delà de leurs croyances, plusieurs représentants religieux avaient organisé un cheminement à travers les mosquées, turque et marocaine, et la collégiale Notre-Dame. « Nos amis musulmans nous avaient conviés il y a quelques mois déjà à partager un moment à la mosquée. Nous avions donc décidé de leur rendre leur invitation, explique Jean-François Berjonneau, délégué aux relations avec l’islam au diocèse d’Évreux. Comme cela tombait pendant ce week-end portes ouvertes des mosquées, nous avons décidé d’organiser ces rencontres interreligieuses. »
Après un passage à la mosquée turque boulevard Azémia, tous ont partagé le traditionnel thé à la menthe à la mosquée marocaine située dans le quartier des Valmeux. Une visite de la collégiale Notre-Dame a ensuite été proposée.
« Rien ne nous empêchera de vivre ensemble »
Pour ne pas se limiter à la portée symbolique de ces visites, les représentants religieux et les croyants ont souhaité lancer un appel à leur communauté respective. « Nous avons tous souffert lors des attentats, confie Mohammed Ech Cherqaoui, imam à la mosquée Assalam d’Évreux. Cette douleur nous incite aujourd’hui à redoubler nos efforts pour montrer que nous partageons les mêmes valeurs de fraternité et de respect. Rien ne nous empêchera de vivre ensemble. » Autour de l’imam, plusieurs hommes se sont rassemblés. Certains évoquent la radicalisation de jeunes « devant leur écran d’ordinateur. Ceux-là ne fréquentent pas les mosquées », assure Lemouchi, un habitant de Vernon. « Nous croyons tous en un seul et même Dieu. Les actions des terroristes, ce n’est pas l’islam, ce n’est pas le Coran », assène Saït Karaagac, le président de l’association culturelle des travailleurs turcs.
Les femmes, un peu à l’écart, n’en pensent pas moins. « Ces moments de partage et de convivialité, ce n’est que du bonheur », lance Anne-Marie. « Aujourd’hui, c’est un très bel exemple de vivre ensemble. Nous devons maintenant aller plus loin en organisant des choses pour lutter contre les préjugés et inviter chacun au dialogue », complète Hayat.
Avec l’association pour le dialogue interreligieux lancé en juin à Évreux (voir ci contre), les représentants religieux vont donc multiplier ce type de rencontre. Celles-ci devraient déboucher sur l’organisation commune d’événements. Car au-delà des rencontres entre personnes déjà sensibilisés à la question du vivre ensemble, chacun doit désormais convaincre plus largement. « Et là nous dépassons le cadre religieux », explique Mohamed Boussaida, responsable de l’association La Réussite à Vernon. « La lutte pour le vivre ensemble est une responsabilité collective. Chacun doit y apporter sa pierre. »
Célia Mick
Infos pratiques
Prochaine de l’association Dire à Vernon le 3 février à 20 h, 28, rue du Coq. Entrée libre
Dire
L’association du dialogue interreligieux de l’Eure (Dire) a été lancée en juin dernier à la maison de quartier de La Madeleine à Évreux. Ses buts ? Rapprocher les communautés religieuses (chrétiens, juifs et musulmans) et améliorer, main dans la main, le vivre ensemble.
Cette idée est née après les attentats des 7 et 11 janvier. « Les tueries de Charlie hebdo et de l’épicerie casher nous ont tous choqués. Nos communautés étaient déjà en contact avant ces événements mais nous devions aller plus loin », expliquait alors Jean-François Berjonneau, délégué aux relations avec l’islam et coanimateur du service Carrefour des cités dans le diocèse d’Évreux.