Attentat dans une église près de Rouen: Les catholiques ne veulent pas céder à la peur
27 juil. 2016Le Père Jacques HAMEL Assassiné hier à Saint Etienne du Rouvray
TERRORISME Alors qu’un prêtre a été assassiné dans une église à Saint-Etienne-du-Rouvray, les fidèles, choqués, s’en remettent à leur foi pour surmonter le drame…
« Nous sommes endeuillés, horrifiés, attristés par les choses affreuses qui se passent dans le monde. […] Un prêtre est mort comme un martyr, car il a été tué parce qu’il était chrétien. […] Prions pour les chrétiens de Rouen et de Saint-Etienne-du-Rouvray. Que ce soit l’amour qui l’emporte et non pas la haine. » Ainsi s’est exprimé le prêtre de l’église Saint-Louis d’Antin, dans le 9e arrondissement de Paris, lors d’une messe ce mardi après-midi.
Les fidèles, nombreux, n’étaient pas tous au courant de l’attaque qui s’est déroulée dans la matinée en Normandie. Choquées, les personnes interrogées invoquent le recours à la prière afin de surmonter le drame. Et la volonté de continuer à se rendre à l’église pour se recueillir reste intacte. « Cela va m’inciter à y aller davantage, affirme même Guy. Je vais prier pour les victimes et les meurtriers. Sur sa croix, le Christ a dit : "Pardonne-leur père, ils ne savent pas ce qu’ils font." » L’homme de 67 ans confie cependant avoir un peu peur.
« Il ne faut pas verser dans le racisme »
Anne-Marie, elle, est d’autant plus affectée que son petit-fils étudie actuellement à Rouen, où elle possède par ailleurs une maison secondaire. « C’est dramatique. Chaque jour, c’est une appréhension de savoir qui va être touché, témoigne cette dame de 75 ans. On se dit qu’on ne peut pas échapper à ce type de choses. On est dans un état de guerre insaisissable. On est dans une suspicion constante. Mais il ne faut pas verser dans le racisme. »
Certains y voient une guerre de religion, d’autres non. Clémence, 35 ans, estime elle que s’en prendre à un prêtre est un fait très significatif : « On est passé à un aspect très religieux des choses, même si c’était déjà religieux à la base. On touche au christianisme là. Cibler des sièges catholiques peut être angoissant. Mais il y a un dieu, donc il ne faut pas avoir peur. »
« La violence, on la trouve au quotidien »
« Lieu de culte ou autre, c’est effrayant et tragique, rétorque Aimée, 54 ans. Il ne faut pas céder à la panique. Quand on a la foi, on est censé ne pas donner prise au mal. » Et d’ajouter, amère, après un silence : « La violence, on la trouve au quotidien, comme la pauvreté extrême d’une personne sans domicile fixe, mais c’est un type de violence formaté, on s’y est malheureusement habitué. »
Quant à renforcer la sécurité à l’entrée des églises, par la présence de forces de l’ordre ou la fouille de sacs, tous ne sont pas d’accord. Pour Jean, cela ne servirait à rien. « Les terroristes ont déjà montré qu’ils peuvent frapper où ils veulent, quand ils veulent, explique ce jeune homme de 28 ans. Daesh essaie de monter les communautés les unes contre les autres. Même si je peux comprendre la réaction de certaines personnes, il ne faut pas céder à la peur, c’est leur objectif. »