Retour sur l’ordination Diaconale de Benoit samedi 24 juin 2017 à Pontigny

Voici la présentation de Benoit par Henri Védrine, le supérieur du Séminaire de la Mission de France, à notre évêque, le Père Hervé GIRAUD :

« Hervé, l'Eglise vous présente Benoit pour être ordonné diacre en vue d'être prêtre.

C'est un arrageois ou un atrebate - c'est comme ça qu'on appelle les personnes originaires d'Arras- de 34 ans, dernier d'une famille de cinq enfants qui manifeste sa disponibilité.

Benoit est en formation au séminaire de la Mission de France depuis 6 ans, Il termine sa 4ème année de vie communautaire à Ivry sur Seine. Il avait exercé auparavant un métier d'ingénieur en informatique aux Orphelins Apprentis d'Auteuil.

Benoit déploie des belles qualités humaines. C'est quelqu'un de bienveillant, de fraternel et chaleureux. Il cultive, depuis sa coopération à Ghardaïa en Algérie, un réel sens de l'accueil et une attention à la différence, en étant attentif et prévenant.

Benoit est aussi un homme droit pour qui l'exigence de vérité est fondamentale dans la relation. S'il ne s'impose pas dans un groupe, on sent vite la qualité de sa présence et de son écoute. Il est habité de cette humilité qui permet à chacun d'exister et qui ouvre à plus loin que lui.

Benoit a aussi un vrai charisme d'organisateur et le sens des responsabilités. Il garde de sa formation d'ingénieur d'être un homme capable de conduire des projets. Il sait mettre ses compétences au service du collectif pour réaliser les objectifs définis. Il sait gérer, planifier, prendre des initiatives dans lesquelles il se réalise. Benoît est attaché à un ministère au travail professionnel à plein temps. Il s'épanouira dans un compagnonnage au long court avec celles et ceux qui sont étrangers à la foi chrétienne et qui, pour la plupart, n'ont rien à demander à l'Église.

Mais Benoît est d'abord un homme spirituel. Son attachement au Christ est profond et sincère. Il sait en témoigner de manière humble et ajustée à ses interlocuteurs. Son goût pour la Parole de Dieu, le désir qu'il porte de la partager avec d'autres croyants ou non est et sera une richesse pour l'Église et pour le monde. Il sait se mettre au service de la vie spirituelle des personnes et des groupes dans lesquels il est. Il a développé un vrai sens pastoral avec une belle intelligence des situations. La justesse de son discernement est reconnue.

Sur le plan intellectuel, Benoît a effectué de belles études à la Faculté Jésuite de Paris. Dans ce domaine il s'y est aussi investi avec rigueur et sérieux. Il obtiendra son baccalauréat canonique avec brio. Ses facultés intellectuelles sont unanimement soulignées par ses enseignants. Ils reconnaissent combien Benoît a les capacités pour développer une pensée propre. Malgré une saturation compréhensible pour les études académiques et une impatience légitime de vivre une expérience ministérielle, il faudra compter sur Benoît pour l'avenir de la Recherche commune à la Mission de France.

Benoît a réalisé pendant ses 6 années de formation une réelle conversion au ministère. Il n'a pas beaucoup grossi au séminaire mais il y a gagné en « épaisseur » dans sa relation au Christ et à l'Eglise, ainsi qu'en liberté dans son choix de la Mission de France. Il a les qualités humaines et spirituelles et les aptitudes pour prendre sa part du ministère apostolique engagé dans la Mission. Il saura être un bon compagnon d'équipe fraternel et exigeant.

Aussi, les personnes qui ont été consultées, les chrétiens qui le connaissent, le Conseil de la formation et moi-même nous attestons unanimement que Benoit est prêt pour être ordonné diacre en vue d'être prêtre. »

Retour sur l’ordination Diaconale de Benoit samedi 24 juin 2017 à Pontigny

Homélie du Père Hervé GIRAUD, Evêque de la Mission de France :

         « S’il y a à la Mission de France un désir fondamental de « vivre à la Jésus », mais aussi à la manière apostolique de saint Paul, nous gardons toutefois quelque chose du caractère de Pierre ! Nous venons d’entendre la vive réaction du prince des apôtres face à Jésus : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Cela me rappelle cette remarque de l’Université d’été où j’avais entendu qu’à la Mission de France « on râle d’abord, et on rend grâce ensuite ». Bienheureux râleur qu’est Pierre… et qui nous vaut cette réplique de Jésus : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Et il est vrai que Pierre semble retourné et prêt à rendre grâce quand il ajoute : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » La Mission de France aurait-elle donc aussi un caractère pétrinien ? Elle a au moins du caractère…

         Cette bienheureuse réaction de Pierre avait pourtant commencé par un étonnement : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? ». Pour avoir part à un service du Christ et pour prendre part à la mission de l’Église, il faut d’abord consentir à se laisser servir par le Christ lui-même. Et commencer, comme Pierre, par s’en étonner. Toute mission débute par cette attitude d’accueil : se laisser laver, purifier et servir par le Christ. Cette attitude rejoint notre attitude apostolique où il s’agit de recevoir pour être envoyé. Si nous n’acceptons pas d’être servis par le Christ, nous ne saurons pas servir les autres. Bien plus, si nous n’acceptons pas de recevoir du Christ une attitude, nous ne recevrons pas non plus des autres, de tous ceux vers qui nous sommes envoyés. Il n’est pas évident de recevoir et de se sentir envoyé. Cela demande un travail, et travailler le « nouveau » qui apparaît fait partie de notre mission.

         Quand on relit les dialogues de l’ordination, il est intéressant de noter que l’engagement au célibat est fait « pour signifier le don de soi au Christ Seigneur ». Avant de parler de « servir Dieu et le prochain », il faut d’abord s’engager soi-même, « engager », dirions-nous à la Mission de France, engager non pas quelque chose, mais tout son être envers le Christ. Nous ne sommes pas loin de la question du ressuscité à Pierre : «  Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? ». Le don de soi se réalise comme service car l’amour ne peut rayonner directement comme amour. Le sacrement de l’ordre trouve son fondement ultime non pas dans le service, mais dans l'amour. 

         Une ordination diaconale vient donc nous rappeler opportunément que nous ne sommes pas d’abord au service de l’Église, ni même au service de la Mission de France, ni au service de la communauté Mission de France, ni au service du Corps, ni même, au risque de surprendre, au service du monde ou des pauvres. La question qui sera posée à Benoît est celle-ci : « Veux-tu être consacré à la diaconie de l’Église… ? » Il ne s’agit pas de servir l’Église, mais la mission de l’Église, la mission de service de l’Église, ou mieux encore d’entrer dans le service que le Christ, par l’Église, veut rendre en ce monde.

         Et c’est peut-être pour cette raison que Jean relève ce geste majestueux et solennel de Jésus avant toute autre parole. Le geste commence déjà à nous parler… c’est Jésus qui sert et purifie ce monde. Et il nous invite à faire de même : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

         Le diaconat de Benoît nous rappelle bien qu’il y a toujours au cœur de nos gestes le devoir d’imiter le Christ, de Le signifier. Le concile Vatican II ne commence-t-il pas par cette phrase célèbre, et parfois tronquée : « Le Christ est la lumière des peuples… L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain… ». N’oublions jamais ce « dans le Christ », par le Christ, comme le Christ. Toutes nos paroles s’envoleront si nous n’accomplissons pas des gestes exprimant notre foi dans le Christ, notre espérance dans le Christ ou notre charité dans le Christ. Certes la Mission de France a un souci, rare, de relecture théologique. Son retour de mission est une force spirituelle. Mais cela ne doit pas faire oublier que nos gestes sont conduisent à Dieu. Nous avons l’habitude de dire que nous avons les pieds quelque part, les mains dans le cambouis, le sens de l’histoire… et que tout ne se dit pas en un tweet, un oui, un non, mais dans un compagnonnage et dans des "gestes samaritains". Car lorsque nous entrons dans une mission, « nous ne cherchons pas à faire en sorte que tous deviennent chrétiens, mais que tous puissent bénéficier du mystère du Christ ». Nous cherchons à ce qu’il soit possible que tous puissent bénéficier du service du Christ, de l’amour du Christ pour le monde.

         Cher Benoît, tu t’es présenté devant moi pour me « faire part de ton désir d’engager ta vie à la suite du Christ ». Tu as dit ta disponibilité pour un envoi. Tu as exprimé tes remerciements envers tous ceux qui t’ont accompagné, et que je salue aussi. Tu as appris une posture de « disciple-missionnaire ». Tu allies vocation et mission. Tu cherches avec d’autres « la pertinence de la foi pour aujourd'hui ». Tu m’as dit que « ce ministère diaconal est premier. Pas premier dans le temps mais dans l’importance car il ordonne tous les autres ministères à cette figure fondamentale du Christ », de Celui qui est au milieu de nous comme Celui qui sert. Enfin, tu as compris l’importance de l’équipe « qui permet de discerner la trace de l’Esprit », tout en étant « ancré dans une communauté chrétienne locale ». Alors, aujourd'hui, je ne te promets pas une vie facile… mais un beau chemin de vie. »

 

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