4 octobre, fête de François d'Assise

La vraie joie selon François d’Assise :

Avant sa conversion, François d’Assise est un jeune homme tourné naturellement vers la joie. Il n’a pas son pareil pour organiser des soirées de réjouissances. C’est un joyeux drille, un boute-en-train. La jeunesse d’Assise en fait souvent le roi de la fête. Le film de Zefirelli « François ou les chemins du soleil » met bien cette joie-là en relief. 

La conversion du jeune François va modifier la teneur de sa joie. Ce ne seront plus les fragiles gaietés humaines faites de mondanités et de gloire mais une joie profonde, surnaturelle, celle dont parle Jésus lorsqu’il dit : « Je suis venu vous donner ma Joie dans sa plénitude. » 

Un jour, François décrit à frère Léon les situations les plus aptes à réjouir son cœur : il évoque de nombreuses conversions et même des miracles. « Est-cela la vraie joie ? » demande frère Léon. 

– Non !, répond François, là n’est pas la joie véritable. » 

Avec un grand art, François laisse Léon dans l’attente. Ainsi donc, les réussites spirituelles, les succès apostoliques, les conversions en nombre à travers l’Europe, tout ce que François et ses frères ne cessent de rechercher, rien de tout cela n’apporterait la vraie joie ? –Mais où se cache-t-elle cette joie à propos de laquelle tu ne cesses de m’interroger ?!

François évoque alors la pire situation. Il s’imagine avec frère Léon, une nuit glaciale d’hiver, harassés de fatigue, transis de froid, les jambes lacérées par des pendeloques de glace collées à leur tunique. Ils frappent à la porte d’une communauté de frères de leur Ordre. Le portier, étrangement, ne les reconnaît pas. Il les prend pour des vagabonds et les chasse en leur disant : « Nous n’avons aucun besoin de gens de votre espèce ! » Il les expédie sur l’hospice de lépreux à quelques lieues plus loin.

François insiste en suppliant : « Pour l’amour de Dieu, accueillez-nous juste pour cette nuit ! » Mais le frère portier réitère son refus. 

Pour François, là pourrait naître la joie véritable : dans l’acceptation paisible de ce rejet brutal… Est-ce bien cela que François veut dire ?

Peut-être faut-il aller voir un peu plus loin. Si quelqu’un parvient à garder la paix de l’âme en étant uni à Jésus, alors cette paix, personne ne pourra la lui ravir. De plus, pour François, le comble de l’amour, c’est de s’unir à Jésus dans sa passion. Lorsqu’il s’imagine rejeté de cette communauté par une terrible nuit d’hiver, c’est à Jésus qu’il pense : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu ! » 

François ajout : « Je te dis que si je garde patience et ne suis pas ébranlé, qu’en cela est la vraie joie. » 

C’est l’identification au sort de Jésus qui est la source de cette joie aussi certaine qu’imprévue. Pour François, Jésus est comme le lépreux que l’on fuit, que l’on chasse. C’est ainsi qu’il a vu Jésus au tout début de sa conversion. Lorsqu’il descendit de cheval pour embrasser un homme défiguré par la lèpre, il ne comprit pas aussitôt ce qui lui arrivait  : cette émotion, cette joie surnaturelle !

Si nous sommes greffés au Christ, pénétrés de l’amour qu’il nous porte et de celui que nous lui portons, alors les tempêtes, les déceptions, les rejets de toute sorte ne feront que rehausser notre raison d’être heureux. La souffrance n’est pas la cause de la joie mais la joie transfigure tout ce qu’elle touche, même les moments les plus difficiles.

François s’en explique dans une de ses admonitions : « On garde, en tout ce que l’on souffre, la paix de l’esprit et du corps, à cause de l’amour de Jésus-Christ » (Adm. 15).

 

Stan Rougier

Prêtre, écrivain, conférencier

 

 

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