Belle entrée en « Avent », dimanche 29 novembre, le temps de l’avènement de « Sa Présence » !

« Puisque Dieu lui-même n'est pas un pouvoir, puisque Dieu lui-même est l'Amour, puisque Dieu lui-même ne possède rien, puisqu'il ne peut nous toucher que par son cœur, comme nous ne pouvons l'atteindre que par le nôtre, comment l'Église-Christ pourrait-elle être un pouvoir ? Elle ne peut être qu'un lavement des pieds pour introduire l'homme dans l'univers de l'Esprit.
Par notre seule présence, nous pouvons susciter la vie, faire tomber les murs de séparation, être un évangile vivant. Et c'est le plus persuasif. Davantage ! la seule action vraiment humaine, irremplaçable, qu'aucune machine ne pourra jamais accomplir à notre place, c'est celle-là : une présence toute recueillie en son amour et qui le laisse transparaître, et qui, en créant un espace de respect, comme Jésus au lavement des pieds, suscite en l'autre le sentiment qu'il y a quelque chose en lui qu'il n'a pas encore découvert et qu'il va découvrir maintenant parce que, à votre approche, à travers votre visage, il a vu luire le Visage déjà imprimé dans son cœur.
C'est cela qui est l'âme de tout apostolat. Nous n'avons pas à prêcher, nous n'avons pas à parler de Dieu ; moins on en parle, mieux ça vaut. Nous n'avons pas à faire un prosélytisme qui amène les autres à penser comme nous, puisque nous n'avons pas à penser quelque chose, mais à vivre Quelqu'un. Il s'agit de communiquer une Présence qui ne fait pas de bruit, une Présence qui est au cœur du silence et que le silence seul peut transmettre.
Le témoignage que nous avons à donner, le témoignage de notre vie : apporter à tous ces hommes pourvus des techniques les plus parfaites la révélation de l'amour par la lumière et l'amour du Christ. C'est pourquoi il faut apprendre à baisser les yeux devant les âmes. Il ne s'agit pas de convertir les êtres en leur jetant des paquets d'arguments, mais de baisser les yeux avec tant d'amour qu'ils comprennent qu'il y a en eux une valeur tellement grande et tellement belle. Les êtres ne croiront en lui, le Dieu vivant, que lorsqu'ils découvriront en nous une source de vie. C'est cela, être missionnaire, prêtre, saint. Si souvent, la religion s'est réduite à un ensemble de rites, d'exclusivismes étroits, parce qu'on ne l'a pas comprise comme l'ouverture à la vie. Comment pourront-ils résister à la religion, quand elle sera la vie, la vie qui chante, qui assume toute créature pour la porter à l'appel du Christ ?...
Dire les mots avec cette plénitude intérieure qui les rend efficaces. Ne jamais prendre soin de soi-même.
Il faut que le sourire commence à luire dans les ténèbres. C'est cela, la merveille de la parole: c'est que nous pouvons vraiment engendrer le Christ sans le nommer, sans qu'il soit jamais question de lui, sans qu'il soit jamais fait allusion à la religion ou à l'Église, car il remplit tous les mots, dès lors que la parole est ouverte sur lui. Le son devient l'harmonique de l'éternelle Musique qui fait lever dans la parole le rayonnement de l'Amour.
Notre vocation ? C'est d'être le sacrement collectif d'une Présence qui est la liberté dans sa source, un sacrement de silence où toute l'humanité contemporaine subira l'attraction de cette Présence qu'il est inutile de nommer si l'on n'en vit pas, car on ne fait que l'abîmer, la défigurer, la limiter et la rendre odieuse. Il nous faut vivre (de) cette liberté, vivre (de) cette Présence qui est universelle et en chacun de nous, la vie de tout l'univers. Car si nous sommes axés sur le Dieu vivant, nous sommes au cœur des autres. C'est la seule manière d'atteindre les autres, d'atteindre leur intimité sans la violer, c'est d'aller, justement, nous-mêmes, jusqu'à la racine de notre être, c'est la même racine que les autres plongent dans le cœur de Dieu. Nous pouvons agir sans prosélytisme, sans indiscrétion. Nous pouvons agir les yeux baissés, à condition que nous écoutions cet appel, que nous soyons atteints et fascinés par un Amoureux, un Dieu qui est totalement engagé dans notre vie, (...) un Dieu qui ne peut pas s'exprimer dans cette création, si nous ne sommes pas translucides à sa Présence. »
Maurice Zundel
Dans "Les Minutes étoilées de M. Zundel", d'Emmanuel Latteur. (page 40-42, Editions Anne Sigier)
 
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