Au total, 70 bus doivent acheminer les migrants vers 26 centres d’accueil et gymnases d’Ile-de-France. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Au total, 70 bus doivent acheminer les migrants vers 26 centres d’accueil et gymnases d’Ile-de-France. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Des hommes et femmes s’étaient progressivement installées depuis août dans ce camp situé sous une bretelle d’autoroute. Elles doivent être conduites dans 26 centres d’accueil et gymnases d’Ile-de-France.
Les forces de l’ordre ont entamé, mardi 17 novembre, l’évacuation d’un vaste campement de migrants situé sous une bretelle d’autoroute au pied du Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où environ 2 800 personnes s’étaient progressivement installées depuis le mois d’août.
Encadrée par un important dispositif policier, l’opération a débuté vers 7 heures. Les personnes évacuées ont pris la direction de 26 centres d’accueil et gymnases d’Ile-de-France. Leur transport suivait toujours son cours en début d’après-midi.
Dès 4 h 30, des migrants attendaient d’être pris en charge dans le cadre de cette opération conjointement menée par la Préfecture de police de Paris, la région Ile-de-France et la préfecture de la Seine-Saint-Denis. Vers 10 heures, les premiers des 70 bus prévus, remplis d’une cinquantaine de migrants – dont des familles –, sont partis vers des centres, le plus souvent dans le calme, mais parfois dans la confusion. Selon des associations présentes dans le camp, les forces de l’ordre ont aspergé de gaz lacrymogène plusieurs migrants, dont des enfants attendant de monter dans ces bus.
Selon le décompte de l’association France terre d’asile, opératrice de l’Etat, environ 2 400 migrants vivaient la veille encore dans ce camp qui n’a cessé grossir depuis août en dessous de l’autoroute 1 (A1). Une centaine de familles – soit environ 400 personnes – ne vivant pas sur place avaient également rejoint la foule, mardi matin, pour être « mises à l’abri pour quelques jours », a précisé Yann Manzi, cofondateur de l’association Utopia 56.
« Ces camps ne sont pas acceptables, a déclaré à la presse le préfet de police de Paris, Didier Lallement. Cette opération a lieu pour faire en sorte que les personnes en situation régulière soient mises à l’abri et celles en situation irrégulière n’ont pas vocation à rester sur le territoire. » Dans un tweet, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a salué cette opération.
Toutes les personnes prises en charge feront, dans un premier temps, l’objet d’un test de dépistage du Covid-19 au sein de l’un des centres mis en place par l’agence régionale de santé (ARS). Par la suite, elles seront soit isolées en cas de résultat positif, soit « mises à l’abri » dans le cas contraire.
A Saint-Denis, le campement était majoritairement constitué d’hommes seuls, originaires d’Afghanistan pour la plupart, mais aussi du Soudan, d’Ethiopie et de Somalie. Beaucoup sont des demandeurs d’asile, et étaient auparavant passés par d’autres campements en périphérie de Paris, démantelés les uns après les autres. Depuis la crise migratoire de 2015, il s’agit du soixante-cinquième démantèlement de grande ampleur, comptant pour l’une des trois cents opérations dites de « mise à l’abri ».
« Comment ce campement a-t-il pu se développer en plein état d’urgence sanitaire, alors que le respect des gestes barrières y est impossible et que les personnes vivent dans l’insalubrité totale ? », regrette Louis Barda, coordinateur général de Médecins du Monde à Paris.
Alix Geoffroy, chargée du programme Cedre (Centre d’entraide pour les demandeurs d’asile et les réfugiés) mis en place par le Secours catholique, se dit « soulagée » par cette mise à l’abri, mais aussi « inquiète ». Elle souhaite qu’« il y ait une pause de la rue pour ces personnes le temps du confinement », se demandant si « le prochain campement sera […] encore plus éloigné en banlieue – éloigné des douches, des distributions alimentaires et des démarches administratives ».
Début octobre, Médecins sans frontières a publié une enquête analysant le niveau d’exposition au Covid-19 parmi les grands précaires en Ile-de-France. L’étude révèle de fortes disparités selon les types de sites sur lesquels les personnes ont été testées : ainsi, dans les 10 centres d’hébergement où cette dernière intervient, le taux de positivité atteint 50,5 %, contre 27,8 % sur les sites de distribution alimentaire et 88,7 % dans les deux foyers de travailleurs migrants. L’étude révèle ainsi que les raisons principales à cette surcontamination sont la « promiscuité et les conditions d’hébergement, qui ont généré des clusters ». Il y a ainsi fort à craindre au sein des gymnases dans lesquels les occupants du camp démantelé vont être mis à l’abri.
Dans un communiqué publié ce mardi, une trentaine d’associations et collectifs tels que la Cimade ou Solidarité Migrants Wilson dénoncent le « cycle sans fin et destructeur » des évacuations.

Le Monde avec AFP

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