Lettre aux militaires à la retraite de « Place d’Armes »

Le peuple de France se trouve en 2021 confronté à de nouveaux défis : 1) l’intégration des populations de migrants qui viennent de nos anciennes "colonies" ou bien qui fuient la violence, la guerre ou la misère dans leurs pays, 2) le dialogue et la confrontation avec la religion Islamique qui occupe la deuxième place dans notre pays et qui interpelle les principes de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat  (laïcité, financement des cultes, formation des responsables…), et surtout 3) la paupérisation d’une part de plus en plus grande de notre société (accentuée par les suites de la pandémie), le communautarisme et la ghettoïsation de certains quartiers qui font injure à la belle devise de notre république : « liberté, égalité, fraternité » !
Face à ces nouveaux défis on peut agiter l’étendard de la peur : incapacité des gouvernants, délitement du pouvoir, risque imminent de guerre civile et prêcher un retour aux valeurs de la « tradition » : honneur et patrie en en faisant un étendard de combat ! Or la peur divise et oppose. Elle provoque la haine !
Ce combat conduit – de toute évidence – à ce qu’il veut dénoncer : la violence et la guerre !
Ce n’est pas par des incantations et des anathèmes que l’on règle des problèmes de société.
Comme aumônier catholique auprès des policiers je suis placé pour témoigner que nos forces de sécurité souffrent de toutes ces fractures, de toutes ces violences qui agitent notre pays en 2021. Je viens témoigner également que nombre de policiers croient en leur mission de « gardiens de la paix » ! 
Ils sont les derniers remparts pour que la loi et la justice protègent les plus faibles et les plus pauvres d’entre nous. Sans eux ce serait la porte ouverte à l’anarchie et à la loi de la jungle.
Aujourd’hui nous avons un défi : nous rassembler ! Comme catholiques nous avons reçu en héritage cette force de conviction, cette force du dialogue et du rassemblement : personne ne peut être exclu – a priori – de la communauté nationale. Chacun a vocation à y trouver sa place. Les associations culturelles et sportives en sont des acteurs privilégiés.
Nous avons l’expérience – au cours de notre histoire nationale – et même dans l’histoire plus récente de quartiers de « reconquête républicaine » que la paix ne s’impose pas « d’en haut » mais qu’elle se construit par le dialogue, le respect et la confiance !
L’armée Française s’est illustrée dans le passé par la formation professionnelle de jeunes à la dérive (en métropole et en outre-mer). Elle s’illustre encore aujourd’hui par des écoles de la deuxième chance. Elle peut nous aider – en instaurant un service national auprès d’une même classe d’âge – à favoriser la cohésion nationale et le respect de chacun. 

Le 30 avril 2021
Père Denis CHAUTARD
Aumônier Catholique à la Préfecture de Police de Paris


Lien vers la lettre des militaires de « Place d’Armes »
 

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