Des jeunes Syriens de Homs sont venus ce samedi à la rencontre de Benoit XVI à Beyrouth
15 sept. 2012
Ces jeunes animateurs sont accompagnés par un jésuite syrien, le P. Hilal. Celui-ci met l’accent sur la complexité de la situation.
Le P. Ziad Hilal, jésuite, est syrien. Depuis trois ans, il est présent à Homs, en Syrie. Sur les trois églises dont lui et son confrère néerlandais, le P. Franz Van Der Lugt (75 ans, en Syrie depuis 40 ans), ont la responsabilité à Homs, deux ont été « agressivement touchées »par des bombes et sont presque détruites. Mais « on ne sait pas d’où sont venus les coups »affirme-t-il, constatant qu’environ 20 % d’Homs est aujourd’hui détruit.
Sur les 130 000 chrétiens que comptait la ville, 40 000 sont restés. Mais, tient à préciser le jésuite, « ceux qui sont partis, soit à l’étranger, soit loin des villes syriennes, n’ont pas été chassés de leur maison. Ils craignent simplement les combats. »Et parmi ceux qui sont restés, l’entente et la coopération avec leurs voisins musulmans « n’a cessé de se renforcer, main dans la main. »
Mille enfants et 60 éducateurs, de rite latin et byzantin, fréquentaient leur centre de catéchèse et de formation d’adultes. A 17 km de Homs, un centre agricole accueille aujourd’hui plusieurs centaines de réfugiés, tant musulmans que chrétiens.
Pour la troisième voie de la réconciliation
Interrogé sur la position des chrétiens dans la guerre civile syrienne, le P. Hillal ne répond pas de façon tranchée : « Dans chaque famille, les gens sont divisés. On ne peut pas généraliser. Il est faux de dire que les chrétiens soutiennent le régime. Certains le soutiennent, d’autres s’y opposent et d’autres sont en faveur d’une troisième voie, qui pourrait ouvrir à une réconciliation. »
Si le jésuite ne cache pas sa préférence pour cette position, il affirme : « A Homs, en tant que chrétien, nous ne nous sentons pas attaqués en tant que tels ». Mieux : « Nous sommes respectés par les deux camps. Aux barrages, l’armée libre comme l’armée officielle nous laissent passer sans nous fouiller ». C’est ainsi qu’il a pu quitter, en taxi, quitter Homs sans encombres pour atteindre Beyrouth en quatre petites heures de route.
Le P. Hillal constate que « côté musulman aussi, les familles et les communautés sont divisées. »Leur crainte commune : « Que la violence se poursuive et ravage le pays. »Leur espérance : « Que Lakdar Brahimi, le médiateur désigné, ouvre la porte à une solution pour sortir du conflit. »
Le P. Hillal refuse de quitter son pays
Aux yeux du P. Hilal, les fondamentalistes sont peu nombreux au sein des rebelles. Pour lui, « les Syriens eux-mêmes peuvent faire face à la situation. »Pas question pour ce jésuite de quitter Homs : « Nous savons que tôt ou tard, nous trouverons une solution de paix. »
Venu à Beyrouth avec une dizaine de jeunes, âgés de 22 à 30 ans, il participe samedi soir à la rencontre du pape avec les jeunes sur les hauteurs de Bkerké. Une partie d’entre eux animent un projet de rescolarisation d’enfants en difficultés. Ils comptent regagner leur pays, comme ils l’ont fait cet été après les « Journées régionales de la Jeunesse » qui ont rassemblé à Beyrouth des centaines de jeunes du Moyen-Orient, après avoir « fait le plein d’espérance auprès du pape. »
Frédéric Mounier (à Beyrouth)