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Un dimanche spécial aujourd'hui. Nous fêtons la naissance de saint Jean Baptiste. C'est la seule fête de saint - avec celle de Jésus - qu'on célèbre le jour de sa naissance humaine. Les autres, on choisit pour les fêter la date de leur mort, qui est considérée comme le jour de leur naissance au ciel. La fête de la naissance de Jésus est située au moment du solstice d’hiver, celle de la naissance de Jean est placée à celui de l'été. Les jours de l'année vont diminuer progressivement. Ce que dit Jean Baptiste dans l’Evangile de ce dimanche, se traduit ainsi dans la structure des grands mythes liés aux cycles solaires et lunaires : lui, il faut qu'il grandisse, et moi, que je diminue. La vraie lumière, c'est l'enfant-Dieu soleil du monde, que l’on fête au solstice d'hiver. Moi, je suis son précurseur et je dois m’effacer devant lui.
Comme celle de Jésus, la naissance de Jean n'est pas banale. Ses parents sont âgés et ont passé l'âge d'avoir des enfants. Le peuple d’Israël, dont ils sont en quelque sorte le symbole, a connu des heures de gloire, mais d’humiliation aussi, surtout depuis l’exil à Babylone. Pourtant c’est de lui que du neuf va surgir, comme l’avait annoncé le prophète Isaïe… […]

Jean aurait dû être prêtre comme son père, porter le nom de son père. Mais voilà qu'Elisabeth rompt la tradition. Elle déclare de façon péremptoire : non, il s'appellera Jean - qui signifie : « Dieu fait grâce » -. Surprise chez tous les gens présents : Zacharie confirme ce que dit son épouse : il écrit aussi sur sa tablette : « son nom est Jean »… Il confirme la rupture d'avec la tradition familiale et sacerdotale. A l'instant même sa bouche s'ouvre et sa langue se délie : il parle et il bénit Dieu. On peut considérer que le mutisme de Zacharie, lié à sa contrariété, était un refus, ou une incapacité de bénir, de se réjouir de la naissance de son Fils. La fonction première de la parole dans la Bible n'est-elle pas de bénir Dieu, de reconnaître à travers la création et les événements de l’histoire, les merveilles qu'il accomplit, même – et surtout - lorsqu’ils sont déroutants ?
Saint Luc accorde une place importante aux femmes dans son Evangile. Elisabeth et Marie sa cousine sont les premières à croire que leur maternité est le signe d'une merveille de Dieu. Les premières à bénir, à saluer à travers la naissance de leur enfant dans des circonstances déroutantes une radicale nouveauté, une rupture novatrice dans l'histoire du monde. Les femmes de l’entourage de Jésus seront de même les premières, plus tard, à croire en la résurrection de Jésus et à l’annoncer. Rupture novatrice qui met à mal toutes les conventions et paralysies traditionalistes, ainsi que la suite de l'Evangile le montrera.
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Michel Scouarnec

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J’ajoute que Jean Baptiste ouvre la porte du « Nouveau Testament » : Dieu fait « grâce », Dieu se donne gratuitement à qui veut bien l’accueillir. C’est la signification même du baptême de Jean, un baptême de conversion et de pardon des péchés. C’est: le témoignage le plus fort de l’Amour « gratuit » du Seigneur.

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