Christ Roi

              Un roi à genoux…

              Le calendrier liturgique nous invite chaque année, juste avant l’entrée dans l’Avent, à fêter le "Christ Roi". On pourrait dire que cette solennité est la fête du monde à l’envers ! On nous annonce un monarque tout-puissant et c’est un enfant nu qui vient naître sur la paille !

             À l’époque de Jésus, le malentendu était patent. Le peuple juif espérait un libérateur. Il n’en pouvait plus de vivre sous le joug de l’occupant romain et sous la férule sournoise des "collabos" issus de ses propres rangs. Il attendait le "messie" (étymologiquement, celui qui a été "frotté d’huile", qui a reçu l’onction royale). Et pour eux, ce messie ne pouvait qu’être un chef de guerre prenant la tête de la résistance pour bouter l’ennemi hors des frontières. Et voici que vient Jésus, doux et humble, pacifiste avant l’heure : le "roi des armées" est… un roi désarmé ! Le choix de l’évangile de ce jour peut sembler surprenant : il y est question du dialogue entre Pilate et Jésus, juste avant la Passion. Curieuse manière de nous faire entrer dans l’Avent ! Puissant raccourci symbolique  pourtant qui nous invite, alors que nous nous approchons du berceau de la crèche, à nous souvenir que le messie qui vient sera un messie bafoué, rejeté, crucifié.

              C’est parce qu’il se donne totalement, qu’il s’agenouille devant l’homme pour lui laver les pieds que le Christ devient roi ! En offrant la myrrhe, cette substance précieuse qui servait à embaumer les morts, l’un des "mages" rappellera ce scandale d’un Dieu prêt à mourir pour nous. "Quand j’essaie d’imaginer Dieu, je le vois en prière devant moi", disait le jésuite François Varillon.

Bertrand Révillion, diacre

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