Frère Jean-Pierre Schumacher

Tibhirine

Il y a 15 ans, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, sept moines trappistes du Monastère de Tibhirine, en Algérie, sont enlevés lors de la guerre civile algérienne. Deux frères sont oubliés au monastère. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, le seul rescapé (Frère Jean-Pierre, 87 ans) témoigne.


Le frère Jean-Pierre, moine trappiste (ordre cistercien de la stricte observance), s’occupait notamment de la liturgie, et des services administratifs au monastère Notre-Dame de l’Atlas à Tibhirine (Algérie). Il y était arrivé en 1964, en provenance de l’abbaye Notre-Dame de Timadeuc, dans le Morbihan. Après le drame de 1996, il s’est replié au Maroc voisin, d’abord à Fès, puis, en 2000, sur les hauteurs de l’Atlas, à Midelt, dans un monastère qui cultive l’esprit de Tibhirine. Jean-Pierre Schumacher est né en 1924 en Moselle, à Buding, près de Thionville - son père était artisan meunier. Interrogé par «Le Progrès» sur ses liens avec notre région, il révèle que son «attachement à la Vierge» l’avait conduit à faire son séminaire à Lyon, où il a été ordonné prêtre en 1955, avant de partir en Bretagne.

 

Les sept martyrs

Sept moines trappistes, sur les neuf présents cette nuit-là avec d’autres personnes à l’abbaye de Tibhirine, sont enlevés par un commando la nuit du 26 au 27 mars 1996 : frère Christian (Christian de Chergé), le prieur, frère Luc (Paul Dochier), le médecin, frère Paul (Paul Favre-Miville), frère Michel (Michel Fleury), frère Christophe (Christophe Lebreton), frère Bruno (Christian Lemarchand) et frère Célestin (Célestin Ringeard). Le 21 mai 1996, un communiqué attribué au GiA annonce l’exécution des moines. Seules les têtes sont retrouvées. Les obsèques ont lieu le 4 juin à Tibhirine.

 

L’enquête

Une instruction est toujours en cours. Elle est menée par le juge parisien Marc Trévidic, qui poursuit ses auditions. Contactée par «Le Progrès», la soeur de l’un des moines tués salue «l’acharnement» de ce magistrat….

 

Lyon se recueille

A l’initiative du cardinal Barbarin, un temps de recueillement islamo-chrétien sera organisé samedi 26 mars, à partir de 22h15, près de la cathédrale Saint-Jean de Lyon, à la mémoire des moines de Tibhirine.  Le rendez-vous est donné à 22 heures place Saint-Jean. Sont attendus, outre quelques proches des moines, des responsables musulmans (Azzedine Gaci, Kamel Kabtane...) qui avaient fait le déplacement à Tibhirine avec le cardinal Barbarin en février 2007.

Nicolas Ballet

Voici un extrait de l’interview de Frère Jean-Pierre :

Pourquoi avez-vous accepté de nous livrer votre témoignage ?

C’est un devoir de faire connaître cette histoire. Peut-être est-ce pour cela que le Seigneur m’a gardé en vie. Je souhaite, entre autres, répondre aux questions que les gens peuvent se poser. Ce qui s’est passé est l’œuvre de Dieu. Il ne serait donc pas délicat de le cacher. Je parle pour la mémoire de mes compagnons et parce qu’il serait beau que leur expérience soit connue, aimée…

Ressentez-vous de la tristesse à l’approche du 26 mars ?

La mort des frères nous avait bouleversés et je ne peux oublier ces événements traumatisants. Mais il ne s’agit pas de tristesse, non. A Fès, au Maroc, où nous nous étions repliés après le drame, nous avions réagi en disant : « Nous ne célébrerons pas une messe en noir ou en violet (couleur du deuil-ndlr), mais une messe en rouge (couleur des martyrs-ndlr)». Nous sommes heureux de renouveler le souvenir de ces vies offertes pour Dieu et pour l’Algérie, dans la joie et la reconnaissance. Le 26 mars sera pour moi un moment de recueillement encore plus profond.

 

 

Vous trouverez la suite de l’interview en suivant le lien :

 

 

 

Interview du Frère Jean Marie

 

 

 

 

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