L'amitié selon le Pape François
16 sept. 2015Qu’est-ce que l’amitié ? Dans un entretien radiophonique accordé à son ami de longue date, le journaliste argentin Marcelo Figueroa qui travaille pour la radio privée FM Milenium 106.7, le Pape met en garde contre l’amitié utile. François affirme avoir été instrumentalisé par des personnes qu’il n’a rencontré qu’une ou deux fois pendant ces années de pontificat. « L’ami n’est pas une connaissance, et l’amitié, ce n’est pas passer un joyeux moment à converser avec quelqu’un ». L’amitié nait spontanément, et se caractérise par le fait que même très loin pendant longtemps, un ami que l’on retrouve est un ami qu’on a jamais vraiment quitté. L’amitié, synthétise François consiste à accompagner l’autre, tout au long de sa vie. Et cela peut en effet servir le dialogue : « Toi évangélique, moi catholique, nous travaillons ensemble pour Jésus » explique le Pape à son proche évangélique.
Le Pape évoque alors l’urgence de la rencontre, du dialogue et de l’amitié entre les différentes confessions religieuses. Confrontés à une « culture de l’inimitié », il faut travailler à une culture de la rencontre, pour la fraternité, et ne pas juger, car « seul Dieu peut juger. » François met également en garde contre les dangers du fondamentalisme, « cette obscurité transversale qui nous prive d’horizon, nous enferme dans nos convictions, et entre guillemets, nos idéologies. C’est un mur. Il n’y a donc pas de rencontre ».Pour lui, les fondamentalistes « cherchent à détruire, parce qu’ils sont fidèles à une idée et non à la réalité ». Le fondamentalisme religieux éloigne de Dieu.
Soulignant l’importance de la rencontre, comment François vit-il les audiences générales place Saint-Pierre quand il embrasse la foule ? « Je ressens le besoin de me rapprocher, de la proximité ». Quand il rencontre les fidèles, il sent, dit-il, l’accolade de Jésus. Il ajoute que son rôle, comme celui des évêques et des prêtres est de construire des ponts entre les gens, et non de s’isoler.
Ce qu’il y a de bon en moi, je le dois à Jésus
Se perçoit-il comme un modèles à suivre pour les leaders religieux ? François estime qu’il ne s’agit pas d’être un exemple, qu’il est lui-même avec son identité. Il sait être un pécheur et lorsqu’il se confie à Jésus, il lui dit : Combien les gens sont bons avec lui. Mais, poursuit-il, ce qu’il y a de bon en moi, je le dois à Jésus. C’est un don de Dieu.
Aujourd’hui beaucoup d’athées ont pris le Pape en affection, est-ce pour lui un terrain de mission ? « Un pasteur, peu importe sa confession, n’a pas de frontière. Il est pasteur, point barre. Et nous devons toujours lutter contre nos propres égoïsmes, même moi, afin que ce que Jésus te demande comme pasteur ne s’efface pas, à savoir : être au milieu de Son peuple ».
Enfin le Pape s’est exprimé sur l’amitié envers la Création, en insistant sur la déforestation et la dangerosité des centrales hydroélectriques en Amazonie. « Manifestement, nous maltraitons la Création. Nous ne sommes pas son ami et la traitons parfois même en ennemie. Il est nécessaire, estime-t-il , de prendre conscience et de s’opposer au système dominant d’aujourd’hui qui a « décentré l’humain, en y mettant l’argent à sa place, conduisant à l’esclavage et non à prendre soin de la Création, négligeant ainsi le Roi de la Création. »
A Buenos Aires, Marcelo Figueroa, ancien directeur de la Société biblique argentine, avait animé l’émission « dialogue vivant », avec le cardinal Bergoglio et le rabbin Skorka, sur la chaine télévisée de l’archidiocèse, Canal 21.
Extrait de l'entretien de François avec Marcelo Figueroa. - AFP