Discours inattendu d’Emmanuel FABER directeur général de Danone aux diplômés d'HEC le 30 juin 2016

Le directeur général du groupe Danone, Emmanuel FABER, a tenu un discours très émouvant lors de la remise des diplômes à l'école de commerce HEC le26 juin 2016. À rebours de ce que l'on attend d'un dirigeant d'une entreprise qui pèse plus de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Ce discours émerge au lendemain de l'annonce de l'entrée du groupe Danone dans le capital de la petite marque de biscuits et produits laitiers Michel et Augustin, à hauteur de 40%.

Dans la vidéo ci-dessus, on entend Emmanuel Faber évoquer son frère, atteint de schizophrénie. Son souvenir le plus fort sur le campus aura été ce coup de fil lui annonçant l'hospitalisation de son frère, la première fois.

"Cette petite voix qui me rappelait d'où je venais"

Il raconte l'histoire de ce jeune homme dont la maladie et les séjours en hôpital psychiatrique ont rythmé la vie et la sienne.

"L'après midi, il avait besoin de dormir à cause de sa maladie et il allait près d'un torrent (...) il avait un vieux téléphone portable, pas comme le mien (il montre son smartphone à l'assistance), il le mettait près de la fontaine et il m'appelait et me laissait un message téléphonique. Tous les jours. Avec juste le chant de la fontaine. Moi j'étais avec le gouvernement chinois, de l'autre côté de la planète, dans un bureau à Shanghai ou à Paris, à Barcelone ou au Mexique... Et j'avais toujours cette petite voix une fois par jour qui me rappelait d'où je venais."

"Ma vie a basculé, il m'a fallu apprendre à passer des nuits à le chercher, à apprendre le langage des fous, découvrir la beauté de ce langage, la beauté de l'altérité. A cause de lui, j'ai découvert l'amitié de SDF, de temps en temps, je vais dormir avec eux. (...) Je suis allé séjourner dans les bidonvilles à Delhi, à Bombay, à Nairobi, à Jakarta. Je suis passé au bidonville d'Aubervilliers, vous savez c'est pas très loin de chez nous à Paris. Je suis allé à la jungle de Calais."

Justice sociale

Cette histoire sur les bidonvilles ne semble pas être un simple coup de communication. Le magazine Capital avait révélé en janvier 2015, dans une enquête sur le personnage, qu'il avait déjà passé une semaine à faire le ménage et panser des mourants dans un centre tenu par les sœurs de Mère Teresa, en Inde.

Ce proche de Christine Boutin qui touche un salaire de 2,5 millions d'euros par an, et qui n'a jamais demandé à ce qu'il soit abaissé, roule pourtant en Clio, selon Capital, "ne porte ni montre de luxe, ni cravate chic, et passe ses vacances dans ses Hautes-Alpes natales -le patron allouerait la totalité de ses primes et bonus à des associations caritatives".

Ce mode de vie détonant pour un grand patron lui a permis de pousser sa réflexion sur la globalisation. Il prône aujourd'hui plus de justice sociale, persuadé qu'elle est la clé de l'avenir de l'économie.

"Tout cela a nourri une chose: désormais, après toutes ces décennies de croissance, l'enjeu de l'économie, de la globalisation, c'est la justice sociale. Les riches, nous, pouvons monter des murs de plus en plus haut. Mais rien n'arrêtera ceux qui ont besoin de partager avec nous."

Pas de main invisible

Il continue son discours en anglais pour donner deux éléments que les diplômés d'HEC garderont surement en mémoire:

• "Vous avez un outil très puissant dans vos mains (le diplôme et les connaissances acquises dans l'école), la question est: 'Qu'allez-vous en faire?'"

• "Il n'y a pas de main invisible (en référence à la théorie économique d'Adam Smith qui voudrait que les actions guidées par l'intérêt personnel contribueraient à la richesse et au bien-être de tous). Il n'y a que vos mains."

 

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