Les mères isolées d’Évreux ont témoigné de leurs difficultés quotidiennes.

Les mères isolées d’Évreux ont témoigné de leurs difficultés quotidiennes.

Selon une étude de l'Insee en Normandie, les femmes seules avec enfants, plus nombreuses que les hommes, souffrent d'une précarité accrue. Des Ébroïciennes témoignent.

 « Si les élus pouvaient nous entendre… » De tout âge, de toutes origines, les femmes présentes jeudi 7 mars 2019 dans la salle Monet de la préfecture de l’Eure ont pourtant un point commun : elles sont seules pour élever leur(s) enfant(s), et souffrent d’une précarité harassante.

Lors d’une « conférence inversée » dans le cadre du grand débat (une conférence pendant laquelle les « experts » et décideurs sont dans le public, et les anonymes témoignent de leur expérience avec leur propre « expertise »), elles ont témoigné courageusement de leur situation, loin d’être isolée.

Des femmes plus nombreuses, plus précaires

L’étude publiée par l’Insee ce même jour est sans appel : dans notre région comme ailleurs, les femmes sont plus nombreuses à être en situation de monoparentalité, et elles sont plus précaires que les hommes. Un ménage sur dix est une famille monoparentale en Normandie, parmi lesquelles près de 8 sur 10 sont des mères célibataires.

De plus, une femme seule avec enfant(s) touche 155 € de moins qu’un homme dans la même situation, pour un niveau de vie médian de 1 267 €. Selon un indicateur créé par l’Insee et regroupant plusieurs critères, l’immense majorité de l’Eure, agglo ébroïcienne comprise, offre aux mères isolées des conditions de vie inférieures à celles des pères célibataires, et inférieures à la moyenne régionale.

 « J’ai passé mon bac à 43 ans »

Alors, à la veille de la journée des droits des femmes, les témoignages se sont succédés autour de la table. Comme celui de Catherine, divorcée après 30 ans d’union toxique et qui doit aujourd’hui vivre dans la précarité avec ses sept enfants : « Pendant 30 ans j’étais une moins que rien. Il m’interdisait de sortir, on ne partait jamais en vacances, il ne voulait pas que je voie ma famille… »

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Ou celui de Sandrine, 46 ans, qui ne peut pas travailler à temps plein à cause de son handicap : « Je fais de la tension, du diabète, je ne peux pas rester assise ou debout pendant 8 h. » Sandrine rechigne à demander l’Aide Adulte Handicapé car « j’ai mes deux jambes, mes deux bras, dit-elle, des personnes sont beaucoup plus handicapées que moi. » Aujourd’hui elle touche le RSA, et sa fille l’aide pour boucler ses fins de mois : « Ça devrait être l’inverse », regrette-t-elle, appelant les employeurs à être plus compréhensifs sur ses besoins particuliers.

Mathilde, elle, est en train de passer son permis de conduire : « J’ai passé mon bac à 43 ans. Il fallait que je montre à mes enfants qu’en travaillant on pouvait obtenir des choses. »

Quelles pistes de solutions ?

Comment faire pour combler ces écarts entre femmes et hommes, et améliorer le quotidien de ces mères ? Des pistes ont été lancées : améliorer pour elles la mobilité (développement des transports en commun, prêt ou location de voiture pour un meilleur accès aux soins, à la formation, à l’emploi), l’accès aux services de garderie, mieux évaluer la pénibilité du travail, intégrer les spécificités des femmes dans la construction des politiques publiques…

Les femmes présentes ce soir-là ont en tout cas toutes un même espoir : pouvoir vivre dignement de leur travail, et donner un meilleur avenir à leurs enfants.

Ce jour-là, dans les locaux de la préfecture de l’Eure, à une exception notable (issu du milieu associatif), l’intégralité de la salle était féminine. « Je suis un peu déçue, j’aurais aimé que le public soit plus nombreux et plus masculin », a regretté la sous-préfète Anne Frackowiak-Jacobs. Les questions d’égalité des sexes n’intéresseraient-elles donc pas nos représentants masculins ?

 

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