L’Église, au chevet de ceux qui « protègent les plus fragiles »
09 oct. 2019Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, a présidé, mardi 8 octobre, une messe à l’intention d’Anthony, Aurélia, Brice et Damien, les quatre victimes de l’attentat perpétré, jeudi 3 octobre, à la préfecture de police de Paris.
Une manière, pour l’Église de Paris, de manifester son soutien aux familles endeuillées et forces de l’ordre travaillant actuellement dans un environnement tendu voire hostile.
Le son, chaud mais grave, du cor résonne, ce mardi 8 octobre, dans les murs de St-Germain l’Auxerrois (1er). Il s’échappe de la Musique des gardiens de la paix installée dans le chœur de l’église accueillant depuis le 1er septembre les liturgies de la cathédrale Notre-Dame de Paris (4e). Le moment est solennel. Les visages sont sombres. Des forces de l’ordre, amis, familles, proches, assistent, ce mardi 8 octobre, aux alentours de 14h, à la messe de Requiem à l’intention d’Anthony, Aurélia, Brice et Damien, trois policiers et un agent administratif assassinés jeudi 3 octobre dans les locaux de la préfecture de police. « Nos cœurs sont transpercés. La France est bouleversée », lâche, en préambule, Mgr Michel Aupetit, qui préside la messe. « Si nous sommes ici, c’est pour célébrer le Christ et confier à Dieu ceux qui viennent de tomber ». Silence. « Les événements qui viennent de survenir et qui nous laissent sans voix nous mettent dans un état de sidération, commente-t-il pendant l’homélie. Comment comprendre la haine qui peut s’emparer du cœur d’un homme et qui l’amène à tuer et à être prêt à se faire tuer lui-même ? » Une question partagée par un grand nombre de citoyens et de policiers. Policiers qui travaillent et évoluent actuellement dans un contexte tendu parfois même hostile. « Depuis novembre 2018, avec les manifestations des Gilets jaunes, les policiers nous disent qu’ils n’ont jamais senti autant de haine et de violence envers eux », explique ainsi le P. Denis Chautard, aumônier de Préfecture de Police de Paris – fonction créée par la préfecture de police en janvier 2016 à la suite des attentats du 13 novembre 2015. « Le climat actuel peut créer une dévalorisation de leur métier et du service qu’ils rendent à la nation », explique-t-il. La veille de l’attentat, la « Marche de la colère » réunissait près de 22 000 manifestants à Paris. « L’attaque du 3 octobre ajoute de la suspicion entre les fonctionnaires à ce climat », remarque-t-il.
Isabelle DEMANGEAT
Paris Notre Dame N° 1785 page 10