Laurent Ulrich est nommé archevêque de Paris

À 70 ans, l'actuel archevêque de Lille a été choisi par le pape François pour remplacer Mgr Michel Aupetit, qui avait démissionné en décembre 2021.
Comme Le Figaro l'avait annoncé la semaine dernière, c'est bien l'actuel archevêque de Lille, Mgr Laurent Ulrich, 70 ans, qui a été choisi par le pape François pour devenir le nouvel archevêque de Paris. Nommé officiellement ce 26 avril, il remplace à ce poste Mgr Michel Aupetit, 70 ans, dont le pape avait accepté la démission en décembre 2021 suite à des accusations de liaison féminine que le prélat a toujours niées formellement. À ces rumeurs s'ajoutaient des tensions récurrentes qui lui étaient reprochées dans la gestion du diocèse.
Avec 106 paroisses et 500 prêtres en activité, Paris est le plus gros diocèse de France, le plus symbolique également. Le poste d'archevêque de Paris comporte une dimension de gestion et d'administration très importante, mais aussi une fonction de représentation capitale de l'Église catholique auprès des autorités publiques au plus haut niveau de l'État. Un «archevêque» est un évêque comme un autre, sauf qu'il est à la tête d'un diocèse plus important et qu'il dirige une «province» ecclésiastique, comparable à une région de France, avec plusieurs «diocèses» de la taille d'un département.
Longue expérience épiscopale
Mgr Laurent Ulrich bénéficie d'une longue expérience épiscopale, puisqu'il a exercé cette responsabilité pendant une vingtaine d'années. À Chambéry (2000-2008) tout d'abord, puis dans le Nord à Lille (2008 –2022). C'est un homme plutôt méthodique, réputé pour sa capacité de gestion et d'administration. «Il suit de près les dossiers, il écoute tous les points de vue mais sait trancher. Sans être autoritaire, il a une autorité naturelle», confie l'un de ses collaborateurs. C'est aussi, de l'avis de beaucoup, un bon prédicateur. Il est connu sur le plan national pour avoir été vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF) mais aussi président de l'instance économique des évêques de France. Sensible aux médias, il a également présidé le réseau RCF, Radios chrétienne francophone.
Le choix de ce profil surprend néanmoins beaucoup de prêtres et d'évêques catholiques, tant il représente une rupture avec quatre décennies parisiennes marquées par le cardinal Jean-Marie Lustiger. Lequel avait créé, dès sa nomination à Paris en 1981, un modèle pastoral très différent de celui de la conférence des évêques de l'époque, caractérisé par une Église catholique bien identifiée, fortement axée sur la formation des prêtres et une vision à la fois classique et ouverte du sacerdoce. Ce modèle rencontra un franc succès et il porte toujours beaucoup de fruits même s'il fut combattu de l'intérieur de l'Église de France par une vision plus progressiste aujourd'hui incarnée par le pontificat du pape François et dont Mgr Ulrich est un héritier. Un observateur le dit toutefois devenu, avec l'expérience, «plus pragmatique qu'idéologue», comme l'a démontré la façon dont il a géré à Lille le dossier des traditionalistes ces trois dernières années.
Beaucoup estiment que la nomination de Mgr Ulrich pourrait donc correspondre à la fin de l'ère « Lustiger » à Paris. Mais ce serait sans compter sur le nombre important de vocations sacerdotales que le cardinal Lustiger a suscitées, des prêtres très bien formés qui sont en postes aujourd'hui. Ainsi le choix de Rome s'explique-t-il aussi par la longue expérience épiscopale de Mgr Ulrich et par son âge... Il aura 71 ans en septembre prochain. Il devra donc remettre sa démission au pape dans quatre ans seulement, comme l'impose la règle dans l'Église pour tout évêque ayant atteint 75 ans. Plutôt qu'une révolution, c'est plutôt une période de transition forte qui s'ouvre pour l'Église de Paris.

Jean-Marie Guénois

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