La prière de Cornet Bikuakuani Nsompi, exilé « sans papiers » !
30 nov. 2007Cornet aura 36 ans au mois de décembre. Voici quatre ans qu’il a quitté son pays, la république démocratique du Congo pour échapper aux actes de barbarie et à la prison que lui infligeaient la police politique de son pays après qu’il ait été interpellé comme organisateur de la manifestation des étudiants de Kinshasa du 8 décembre 2003 contre le gouvernement. Cornet est membre du Mouvement National Congolais de Lumumba, parti d’opposition au pouvoir actuel. Ce mouvement est condamné à l’exil et les étudiants qui en sont membres sont aujourd’hui encore recherchés par la police au pays.
C’est sa famille qui a fait venir Cornet en France après qu’il se soit réfugié au Congo Brazzaville. Cornet a en effet une sœur qui a obtenu la nationalité Française et un frère titulaire d’un titre de séjour.
Cornet a demandé l’asile politique à la France en 2004, asile qui lui a été refusé le 30 juin de cette même année. Il a fait plusieurs recours qui jusque là ont tous été rejetés au motif que les faits qui étaient avancés étaient connus lors de sa première demande alors même qu’ils n’avaient pas été versés au dossier.
Devant le parcours d’intégration exceptionnel de Cornet : animateur puis catéchiste et actuellement sacristain à la paroisse Notre Dame de Bonne Espérance de Gaillon, bénévole et formateur à la Croix Rouge, animateur au club de judo (Cornet est ceinture noire et qualifié pour les championnats de France de judo dans sa catégorie à Paris le 16 décembre 2007), embauché en CDI comme électricien durant 8 mois avec une promesse d’embauche dès qu’il aura un titre de séjour toutes ces associations ont écrit au préfet de l’Eure en 2006 pour appuyer sa demande d’un titre de séjour à caractère humanitaire et exceptionnel. Le préfet de l’époque a refusé et c’est désormais au Tribunal Administratif de Rouen de trancher.
Son parcours dans la foi, Cornet le résume ainsi : « Au pays j’ai demandé à faire mon catéchisme à l’age de 14 ans. Je l’ai suivi pendant deux ans. Puis, en 1987, j’ai fait ma communion et ma confirmation. En 2000 j’ai fait un nouveau chemin lors de la confrontation avec des pentecôtistes et des évangélistes. A cette époque, je me cachais pour qu’on ne voie pas que j’allais à la messe. Comme les autres critiquaient mon attachement à l’Eglise catholique, j’ai demandé au Seigneur de me montrer quel était le vrai, le bon chemin. Je me suis mis à chercher ma route comme Abraham, Moïse et Noé. C’est alors que j’ai découvert la confiance en Dieu. J’ai découvert que Dieu me rejoint dans l’épreuve, qu’il me soutient et me console. Depuis le jour de ma première épreuve, je ne me suis jamais éloigné de la foi. Je ne me suis plus jamais caché pour aller à la messe. J’ai trouvé ma force dans l’Eucharistie et la confiance en Dieu dans la prière.»
Ici, en France lors du rejet par le préfet de la demande de titre de séjour de toutes les associations qui m’ont soutenu j’ai connu l’angoisse et le désespoir. Beaucoup de gens y compris des chrétiens se sont éloignés de moi en disant « on n’a pas le droit d’héberger des « sans papiers ». J’ai eu très peur de craquer et de perdre la foi. Dans ma prière j’ai crié, j’ai beaucoup pleuré. Chaque jour je priais (sept fois par jour) les psaumes dans ma bible. Lors de chacune de mes prières j’écrivais sur un morceau de papier ce que je croyais être la « volonté de Dieu pour moi » : « J’accepte Seigneur de retourner au pays Congo quoiqu’il arrive » ou bien « Je reste en France, je n’aie pas peur, j’ai confiance en Dieu » ou bien encore « Seigneur si tu veux que je me marie à une Française, montre le moi » ou bien encore « Mon bonheur se trouve dans mon pays. Je ne résiste pas d’y aller », « Seigneur que ta volonté soit faite ».
J’ai accepté de porter ma croix qui est bien lourde mais je sais qu’elle est bien légère au regard de la croix de Jésus.
Ma prière est mon rocher. Sans elle j’aurai mille fois craqué. J’ai auprès de moi la statue de la vierge que j’ai rapportée de Lourdes ainsi que mon chapelet. Aujourd’hui quoiqu’il arrive, je l’accepte. Je n’ai plus peur. Si la police vient me prendre, je n’opposerai pas de résistance. Beaucoup de « sans papiers » ont peur et ils se cachent. Pour ma part j’ai choisi de ne pas vivre caché. Beaucoup ne comprennent pas ma foi et ils cherchent à m’en éloigner. Le chemin de la foi est bien difficile et c’est vraiment tentant de prendre le chemin de la facilité. Mais beaucoup d’amis m’encouragent. En particulier ce grand père Sénégalais depuis 46 ans en France qui me dit « N’aie pas peur » !
Je vous confie les trésors de la Parole de Dieu qui nourrissent ma prière et sur lesquels s’appuie ma confiance en Dieu :
1) Le Psaume 65 (66)
« Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange
(….)
C'est toi, Dieu, qui nous as éprouvés,
affinés comme on affine un métal
tu nous as conduits dans un piège,
tu as serré un étau sur nos reins.
(….)
Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu'il a fait pour mon âme ;
quand je poussai vers lui mon cri,
ma bouche faisait déjà son éloge.
Si mon coeur avait regardé vers le mal,
le Seigneur n'aurait pas écouté.
Et pourtant, Dieu a écouté,
il entend le cri de ma prière. »
2) Hébreux 11,8-10 « Grâce à la foi, Abraham obéit à l'appel de Dieu : il partit vers un pays qui devait lui être donné comme héritage. Et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner comme étranger dans la Terre promise ; c'est dans un campement qu'il vivait, ainsi qu'Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse que lui, car il attendait la cité qui aurait de vraies fondations, celle dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l'architecte. »
3) Galates 3,26-29 « Car en Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus. Et si vous appartenez au Christ, c'est vous qui êtes la descendance d'Abraham ; et l'héritage que Dieu lui a promis, c'est à vous qu'il revient. »