De 19h30 à 22h15 vendredi soir j’ai accueilli une douzaine de jeunes et d'adultes pour le sacrement du pardon.Ce qui me touche : la sincérité et le désir profond de toutes ces personnes de vivre en paix avec eux-mêmes, avec Dieu et avec les autres.

Je pars d’une hypothèse : Dieu aime tous les hommes et l’Amour de Dieu nous guérit de nos blessures et de notre péché. Voici comment !...

Souvent on présente le monde comme un immense champ de bataille entre « le bien «  et « le mal ». Le bien est guidé par la morale, la conscience droite, les commandements et les lois. Le mal est le fait de forces obscures qui s’appuient sur le mensonge et qui obéissent au Prince de ce monde : « Satan » !

Je ne partage pas cette vision du monde même si elle n’est pas totalement erronée.

Je ne crois pas à cette façon d’opposer, de diviser les choses : d’un côté le bien , de l’autre le mal. Bien entendu le bien et le mal existent mais avant de pouvoir être appréciés comme tels ils sont d’abord l’un et l’autre la conséquence de nos actions, le fruit de notre liberté et l’on ne peut jamais être sûr a priori que telle action produira du bien (uniquement du bien) ou que telle action produira du mal (uniquement du mal).

Il existe en chacun de nous des pulsions, des forces irrationnelles, de la bestialité et de la violence qui sont parfois d’une brutalité incroyable !

Ces pulsions expriment aussi bien des refoulements d’une partie de nous même, des sentiments bridés ou volontairement ignorés qui du coup s’expriment de façon inconsciente t même violente.

Le pardon, c’est d’abord travailler à la réconciliation de soi-même. Devenir un homme, une femme, c’est réduire cette part de bestialité en lui offrant un chemin d’humanité !

C’est d’abord dans notre faiblesse, notre fragilité, notre péché que Dieu nous manifeste sa présence et qu’il vient nous sauver.

C’est en accueillant et en reconnaissant notre « misère » que nous ouvrons nos vies à sa grâce, à la réconciliation, à l’œuvre de son Esprit.

Tous les plus grands saints étaient au départ de grands « pêcheurs » ! Le péché et la conversion ont été le lieu de leur rencontre de Dieu., le lieu de leur salut.

C’est Jésus qui le dit dans l’Evangile : « Je ne suis pas venu pour les bien-portants mais pour les malades et les pêcheurs !

La grâce du pardon, c’est celle de la « visitation », de l’ « illumination ». De notre péché Dieu a fait le lieu et l’occasion de la manifestation de son Amour et de son Salut !

J’accepte que Jésus visite les lieux les  plus obscurs, les sentiments les plus irrationnels de ma personne.. J’ouvre entièrement mon être et mon âme. Alors j’éprouve une libération, une paix, une réconciliation de mon être : ce que je considérais « comme un champ de batailles » devient le lieu de mon « humanisation » !

Ces forces violentes, irrationnelles, obscures se transforment en « énergies positives », elle expriment une part de moi-même ignorée et demeurée jusque là cachée !

Souvent les plus grands « biens » le sont parce qu’ils sont la transformation de quelque chose de mal au départ !

L’amour le plus fort s’exprime dans le pardon !

Je prends un exemple vécu (par moi !) : « la jalousie » !

Un frère est souvent jaloux de l’amour que sa sœur porte au garçon qui deviendra un jour son mari. Il a le sentiment qu’il perd sa sœur, que ce lien privilégié si fort disparaît, que désormais sa vie ne sera plus jamais comme avant. Il lui arrive même de penser que sa sœur ne l’aime plus et qu’elle l’abandonne.. Cela peut provoquer des réactions irrationnelles, jusqu’à la violence, de l’agressivité et de l’angoisse.

Cette « jalousie » exprime en réalité un attachement très fort du frère à sa sœur dans un amour authentique, « viscéral », un amour au demeurant « désintéressé ». .

Accepter que sa sœur rencontre l’homme de sa vie, fonde une famille – ne pas y faire obstacle – ni de chantage affectif (« si tu ne m’aimes plus, je ne suis plus ton frère »), mais à l’occasion de ce « saut dans l’inconnu », de cette « séparation » qui par un côté évoque la mort, « naître » à la vie, c’est à dire à une nouvelle fraternité où la jalousie est convertie en respect de l’autre, en confiance et en nouvelle complicité… voilà le lieu d’une véritable « conversion », d’une véritable « humanisation » !

 

Ce vendredi en accueillant ces frères et sœurs dans la foi et en les invitant à accueillir de la sorte le pardon, c'est-à-dire cet immense Amour de Dieu pour eux, j’ai été témoin de cette formidable œuvre de l’Esprit en chacun. J’en suis sorti profondément bouleversé, « illuminé » même !

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