Restos

 

La semaine de rencontres islamo-chrétiennes se déroule dans toute la France jusqu’au 25 novembre.

              À Mérignac, musulmans et chrétiens travaillent ensemble toute l’année pour l’association Saint-Vincent-de-Paul.

               « Vous avez vu, ici, chrétiens et musulmans travaillent main dans la main », lance Pierre-Jean-Marc Boutevin, président de l’association Saint-Vincent-de-Paul de Mérignac, près de Bordeaux. Chaque mardi, au Burck, un quartier populaire, des représentants des deux confessions distribuent du pain, de la viande, des produits laitiers à 500 personnes dans le besoin. Dans les cuisines de cette association catholique reconnue d’utilité publique, les deux communautés sont complémentaires. « Avec nous, les bénéficiaires musulmans se sentent plus à l’aise. Nous servons parfois de traducteurs à ceux qui parlent mal français », souligne Mohamed, 36 ans, un bénévole.

              Lorsque ce musulman évoque son arrivée à Saint-Vincent-de-Paul, l’émotion perce dans sa voix. « J’ai été accueilli avec beaucoup de chaleur à un moment difficile de ma vie. Je venais de perdre mon travail de mécanicien, à la suite d’un accident de moto. »

              Toutefois, Marie-Claude, 63 ans, une bénévole catholique, membre du conseil pastoral de Mérignac, consent qu’il y eut d’abord un peu de « méfiance », au regard des préjugés mutuels des catholiques et des musulmans.

              « Je suis heureux de voir que les barrières tombent »

              Houssine, 40 ans, un autre bénévole, cuisinier de métier, pensait ainsi que « la religion catholique était raciste ». Au fil des discussions, il a dépassé ses préjugés et considère aujourd’hui « Saint-Vincent-de-Paul comme sa deuxième famille ». Mohamed, quant à lui, est désormais convaincu que « les deux religions se ressemblent énormément », liées par des valeurs communes : « la générosité, l’écoute, le partage, le respect ».

             Pour stimuler et enrichir ces échanges interreligieux, des actions ont été mises en place. Une fois par trimestre, musulmans et chrétiens de l’association se retrouvent pour dialoguer et lire à voix haute des textes catholiques (encycliques de Benoît XVI…). Par ailleurs, lors du Carême, les musulmans prient avec les chrétiens et prennent le « bol de riz ». De même, en cas de décès parmi les bénévoles, « des musulmans demandent même à venir chanter le Je vous salue Marie avec nous », souligne Pierre-Jean-Marc Boutevin. Sans oublier le repas de rentrée, en septembre, où bénévoles, bénéficiaires et représentants locaux de toutes les religions communient ensemble.

             Jusque-là, « ces échanges étaient unilatéraux », reconnaît Marie-Claude. Mais la donne change. La semaine prochaine, les bénévoles vont rencontrer l’imam de Mérignac. Celui-ci a proposé de faire une quête à la sortie de la mosquée pour offrir des cadeaux de Noël aux bénéficiaires de l’aide de Saint-Vincent-de-Paul. « Je suis heureux de voir que les barrières tombent », se réjouit le P. Michel Sallaberry, curé de Mérignac. Le 22 novembre, tous partiront au berceau de saint Vincent de Paul, dans le village landais de Pouy.

Nicolas César, à Bordeaux

Publié dans www.la-croix.com  le vendredi 16 novembre 2012
Transmis par Claude Chapuis de la Société Saint Vincent de Paul

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