Le film "Elefante Blanco" est sorti le 20 février
22 févr. 2013
ELEFANTE BLANCO ** de Pablo Trapero
Film argentin, 1 h 50 « Un certain regard »
Grande figure du jeune cinéma argentin, habitué des festivals les plus prestigieux, Pablo Trapero (Leonera, Carancho…) a fait un retour attendu en sélection « Un certain regard » lors du dernier Festival de Cannes.
Traversé, comme ses autres films, de problématiques sociales très âpres, Elefante Blanco évoque le travail de deux prêtres, l’un argentin (Julian, incarné par la star sud-américaine Ricardo Darin) et l’autre belge (Nicolas, auquel Jérémie Rénier prête ses traits), engagés au quotidien auprès des habitants d’un immense bidonville de Buenos Aires.
Col ouvert et manches retroussées, ces deux-là tentent d’œuvrer à des projets sociaux d’importance (construction de logements, d’une infirmerie, d’une nouvelle chapelle) au milieu de la pauvreté, des ravages de la drogue, des incursions très musclées des unités spéciales de la police et d’une violence récurrente, liée à la guerre que se mènent différents clans de narcotrafiquants.
Tout cela au pied d’un immense bâtiment jamais terminé, surnommé « l’éléphant blanc », projet d’hôpital devenu ruine tristement squattée.
Église et engagement social, corruption des sphères politiques, difficulté d’une tâche très lourde, doutes et vacillements d’hommes de foi exposés aux situations les plus extrêmes…
Dans un pays dont le clergé, pris dans des luttes politiques, fut traversé de très vives tensions entre soutien au gouvernement militaire de certains et opposition des autres à la répression, Pablo Trapero signe un film très tendu, à la tonalité presque documentaire, empli de mille questions.
Peut-être trop, hélas. En s’attardant sur l’attirance du prêtre belge pour une assistante sociale qui travaille à ses côtés, il éparpille son propos et lui ôte de sa force. Le portrait qu’il fait du quartier, en revanche, est saisissant d’authenticité.
Le réalisateur n’oublie pas de relier ce récit contemporain à l’engagement de prêtres dans les bidonvilles depuis un demi-siècle, notamment en évoquant le cas du P. Mugica, dont l’assassinat, en 1974, n’a toujours pas été clairement élucidé.
A. S.